Changement de programme !
Le Cambodge n’était absolument pas prévu dans notre itinéraire mais la météo peu favorable à l’exploration des îles paradisiaques et d’un parc national ajoutée au mal-être ressenti dans le sud de la Thaïlande nous ont poussés à quitter le pays pendant 5 jours pour explorer Angkor.
Nous avons préféré prendre un avion plutôt qu’un bus car il y a beaucoup d’arnaques à la frontière (par exemple un bus qui tombe en panne au milieu de la nuit proche d’une auberge hors de prix ou des ventes de visas gratuits…).
Après un petit vol Bangkok – Siem Reap, nous foulons la terre cambodgienne en milieu de journée. La ville de Siem Reap est la porte d’entrée au site d’Angkor qui n’est situé qu’à 8 kilomètres. Le chauffeur attitré de l’hôtel nous accueille à l’aéroport et nous emmène en tuk-tuk. Il fait chaud mais l’air n’est pas saturé d’humidité : on respire ! Une fois arrivés, nous piquons directement une tête dans la piscine de l’hôtel. L’eau est un peu trop chlorée mais cela fait tellement de bien : détente et repos avant trois journées bien chargées.
Angkor… what ?
Mais qu’est-ce qu’Angkor me direz-vous ? Angkor est un ensemble de temples étalés sur plus de 400 kilomètres carrés ! Il est inscrit depuis 1992 au patrimoine mondial de l’UNESCO et constitue la première attraction du pays. Quand nous avons acheté nos billets, le 11 novembre dernier, plus de 2,1 millions de tickets avaient été vendus depuis le début de l’année !

La cité d’Angkor a été la capitale de l’empire khmer à partir du IXe siècle et ce jusqu’à la fin du XVe siècle. Le roi Yasovarman est considéré comme son fondateur. Les souverains se succèdent et Angkor s’agrandit avec notamment la construction d’Angkor Wat au début du XIIe siècle, symbole du classicisme khmer, ainsi que Bayon, temple baroque khmer construit à la fin du XIIe siècle. À la fin du XVe siècle, Angkor est délaissée et destituée de son titre de capitale au profit d’autres villes. Plus aucun temple ne sera construit à partir de là. Malgré son histoire, Angkor n’est connue que depuis 150 ans !
Nous programmons les trois jours ainsi :
- le premier jour : le grand tour en tuk-tuk,
- le deuxième jour : le petit tour à vélo,
- le troisième jour : refaire quelques temples puis prendre un bus ou une voiture pour explorer les temples les plus éloignés.
Ce serait long et fastidieux de détailler chaque temple vu, c’est pourquoi nous ne parlerons dans cet article que de ceux qui nous ont marqués.

Il existe différents billets pour Angkor : 1 jour, 2 ou 3 jours (étalés ou non sur une semaine), 7 jours (étalés ou non sur un mois). Le mieux est de les acheter la veille pour éviter de faire la queue le matin et ainsi partir directement voir le lever du soleil. C’est ce que l’on avait prévu jusqu’à ce qu’un employé de l’hôtel affirme que les guichets ferment à 17 heures. Le monsieur nous a un peu pris pour des pigeons car en réalité ils ferment à 17h30 et on aurait largement pu y aller. On le soupçonne d’avoir dit ça pour que l’on paie plus cher le tuk-tuk du lendemain. Ça, c’était la première mésaventure.
Le soir, nous faisons un petit tour du centre-ville qui est bien agréable. Bien sûr, il y a des touristes, beaucoup même mais nous sommes plus à l’aise ici qu’en Thaïlande.
C’est le jour 1…
Le lendemain, le réveil à 4 heures pique un peu mais c’est pour une bonne cause ! Une fois descendus à la réception, pas de trace du chauffeur. Le réceptionniste nous assure qu’il va arriver. Cinq minutes après, nous ressortons et tombons sur un tuk-tuk avec un Cambodgien complètement endormi à l’arrière. On se dit que ce n’est pas lui mais le réceptionniste le réveille. Je sens un relent d’alcool mais j’espère m’être trompée. Il nous emmène acheter nos pass 3 jours. Sa conduite est hésitante, à tel point qu’à un feu rouge il manque de renverser deux scooters arrêtés malgré nos cris et ceux de la passagère du scooter. On pense qu’il s’est endormi… Rassurant ! Malgré tout, il ne s’est pas arrêté au feu bien rouge et nous dit que tout va bien quand on l’interroge mais j’ai de gros doutes sur son état physique et sa sobriété. Xavier et moi sommes désormais bien réveillés et crispés comme jamais. Ce n’est vraiment pas le moment d’avoir un accident. C’était la deuxième mésaventure… Ouf, il nous amène sains et saufs au guichet puis au lever du soleil à la porte ouest d’Angkor Wat juste au niveau du contrôle avant le pont flottant.

On se dépêche car finalement, on arrive tout juste ! La vue d’Angkor Wat me donne des frissons… À peine le temps de s’asseoir que le ciel commence déjà à virer vers l’orange. Ce n’est pas le plus beau lever de soleil depuis notre départ mais la magie du lieu suffit pour rendre ce moment unique ! Je ne serai pas objective concernant Angkor Wat : c’était un rêve de le visiter !
Nous restons un peu puis expliquons au chauffeur fou que nous voulons faire le grand tour dans le sens inverse pour fuir la foule car l’idéal serait de faire le petit tour le lendemain à vélo. Il acquiesce et indique un autre temple, Banteay Srey à 30 kilomètres d’ici, que l’on pourra visiter car on aura le temps. Il faudrait payer 15 dollars supplémentaires. On hésite étant donné sa conduite et la distance mais on lui dit qu’on verra cela plus tard au cours de la journée.
Le premier arrêt se fait à Pre Rup. Il y a à vue de nez… quatre personnes ! Le temple est assez grand pour se sentir seuls au monde. On découvre avec attention et émerveillement ce premier trésor de l’époque khmère.


Ensuite, nous reprenons le tuk-tuk et roulons, roulons, roulons… Bizarre, sur maps.me, Ta Som me paraissait plus près. En vérifiant, on voit qu’il a pris une route quittant le site vers le nord qui mène à Banteay Srey, ce temple à 30 kilomètres ! Ni une ni deux on l’arrête en lui disant qu’on ne lui a jamais dit que l’on voulait y aller. Il a l’air en colère d’avoir été mis devant le fait accompli mais tant pis. C’était la troisième mésaventure (si ça s’arrêtait là…).

Après ce détour forcé, on s’arrête donc à Ta Som. L’entrée se fait via un portail au-dessus duquel est sculptée une magnifique tête de Bouddha. Encore une fois, les détails, notamment des bas-reliefs, sont fins et sublimes. L’autre portail est enchevêtré dans les immenses racines d’un arbre !

Le grand tour continue avec Neak Poan. Pour y accéder, il faut emprunter un pont de bois traversant un lac parsemé d’arbres blancs et de nénuphars offrant un beau spectacle. C’est très apaisant ! Le chemin aboutit sur quatre petits bassins entourant un grand avec en son centre un temple encadré de deux nagas.

Un petit temple, Krol Ko, situé de l’autre à côté de la route a particulièrement retenu notre attention. Il est parfois mentionné sur les plans mais personne n’en parle ! Il n’y a personne, les bruits de la circulation se sont tus. Certes, il n’en reste plus grand-chose mais il est encerclé par la forêt et la lumière qui s’infiltre à travers les branches lui confère une atmosphère assez particulière.
Nous achevons ce grand tour par Phreah Khan. Pour y accéder, il faut emprunter une longue allée ombragée qui débouche sur un petit bijou au centre de la jungle. Ici, la nature reprend peu à peu ses droits : les arbres poussent sans prendre garde à la structure de l’édifice. Encore une fois, l’ambiance qui y règne est singulière. Du lichen tapisse les bas-reliefs et leur donne une teinte verte et ocre. C’est juste magnifique !

Nous rentrons ensuite à l’hôtel un peu agacés par ce chauffeur fou mais encore émerveillés de ces premières découvertes. Comme prévu, nous allons chez un loueur de vélos pour se renseigner. On peut venir les chercher demain matin à 5 heures donc parfait ! Nous barbotons le reste de la journée dans la piscine avant de nous écrouler de fatigue.
Deuxième jour à vélo… ou pas !
Le réveil pique un peu moins que celui de la veille et nous sommes motivés comme jamais pour pédaler dans la fraîcheur matinale. J’ai tellement hâte de découvrir Angkor Wat ! Nous arrivons à pied devant le loueur à 5 heures pile mais le rideau de fer n’est pas encore levé et il n’y a aucun signe de vie… Soit, nous patientons un peu, la ponctualité n’est pas forcément innée pour tout le monde en Asie ! Quinze minutes après, toujours rien. Bon… Un chauffeur de tuk-tuk s’arrête à notre hauteur et nous dit que le magasin n’ouvre qu’à 7 heures. OK on le savait mais on devait récupérer les vélos avant l’ouverture… Cinq minutes plus tard, toujours personne. Bon, l’aube approche et même si on les obtenait maintenant, ce serait compliqué d’arriver à temps. Le chauffeur de tuk-tuk est toujours là et on négocie un aller simple à Angkor Wat dans le but de faire ce dernier et Angkor Thom à pied !

Nous admirons le lever du soleil depuis son enceinte derrière un des bassins. Il s’agit du spot le plus populaire et effectivement, il y a foule ! À peine les premières lueurs apparaissent que l’on comprend pourquoi ! Déjà, on peut admirer de plus près Angkor Wat et ses prangs se reflètent dans l’eau. Bref c’est somptueux ! On se recule un peu pour sortir de la foule et profiter juste à deux. Étant donné que nous sommes piétons malgré nous aujourd’hui, nous ne traînons pas et partons vers Angkor Thom, plus particulièrement à Bayon.


Bayon nous avait déjà intrigués la veille car il ne ressemble à aucun autre temple ! D’un style gothique, il est le centre d’Angkor Thom. Il n’est pas encore 7 heures, heure d’ouverture du temple, et nous sommes une poignée à patienter sagement tandis que le troupeau touristique (essentiellement asiatique) parcourt Angkor Wat. Une fois les fauves lâchés, nous grimpons au troisième niveau. Et là, la magie opère. Les 216 visages, celui de Avalokiteshvara, le « Bouddha de la compassion », sculptés en haut des tours observent nos faits et gestes, comme une certaine Mona Lisa. On déambule sans un mot, se laissant guider par les rayons solaires qui illuminent petit à petit les faces divines, un peu narquoises. Les autres visiteurs arrivent et nous quittons ce lieu empreint de mysticité pour descendre aux deuxième et premier niveaux. Ce dernier est immanquable avec ses bas-reliefs bien conservés, retraçant la vie quotidienne au Cambodge au XIIe siècle.
Nous nous baladons ensuite le long de la Terrasse du Roi lépreux et de la Terrasse des éléphants. La première a des bas-reliefs représentant le panthéon hindouiste et de nombreux nagas et garuḍas sont présents. Ceux de la seconde représentent des éléphants montés et des scènes de chasse. Les deux terrasses sont juxtaposées ce qui donne l’impression qu’il n’y en a qu’une. La finesse des détails est impressionnante, on imagine le temps qu’il a fallu pour tout sculpter.


Après une bonne demi-heure de marche, nous voici à nouveau devant Angkor Wat. Il est midi, la chaleur est presque insupportable mais il n’y a presque personne ! Durant toute la visite, nous étions souvent seuls et ce fut extraordinaire.

Il est le symbole de la civilisation khmer ce qui en fait une fierté nationale. Il aurait fallu 300 000 travailleurs et 6 000 éléphants pour le construire ! Son architecture est si riche. Nous partons vers le plus haut niveau appelé Bakan afin d’avoir une vue d’ensemble sur le troisième niveau et sur l’enceinte des prangs. Ai-je besoin de mentionner à quel point ces derniers sont splendides ?
Comme les précédents temples, Angkor Wat a de beaux bas-reliefs entourant sur 800 mètres le premier niveau. Ils représentent entre autres des scènes divinatoires et les guerres entre dieux et démons. Décrire un temple n’est pas chose aisée mais s’il n’y avait qu’un seul à voir dans le monde, ce serait celui-là ! Angkor Wat est une merveille du monde, c’est tout, c’est comme ça ! En écrivant ces mots, je me souviens encore de la sensation de communion avec les murs. C’est très particulier mais être seuls dans cet incroyable édifice est juste étourdissant.
Nous avons passé tout l’après-midi dans Angkor Wat et nous sommes prêts pour le coucher du soleil ! À mi-chemin entre le temple et le bassin, nous pouvons voir à la fois le reflet d’une des bibliothèques sur l’eau ainsi que les dernières lueurs du jour illuminer les murs et les prangs. Curieusement, il y a très peu de monde pour l’admirer, les personnes désertent complètement le site à partir de 17 heures. Finalement, on aura encore une fois Angkor pour nous tout seuls ! Une fois la pénombre tombée, nous cherchons un tuk-tuk disponible. Ce n’est pas chose aisée car 99 % des touristes se déplacent en tuk-tuk et l’ont pour la journée. Le soir, il n’y a donc pas foule mais on en trouve quand même un pour retourner en ville. 8 kilomètres de marche ne nous font pas peur mais après tout le parcours fait aujourd’hui ce n’est pas de refus !

En clair, cette journée avait mal commencé mais on a trouvé une solution qui nous a permis de profiter au mieux des trésors d’Angkor.
Troisième jour
Aujourd’hui, nous retournons en tuk-tuk pour terminer le petit tour commencé la veille à pied. La première étape est… le lever du soleil sur Angkor Wat, jamais deux sans trois ! Bon, clairement il n’est pas fou donc on ne s’y attarde pas.
Comme le premier jour, on fait le tour en sens inverse pour éviter les foules. Le chauffeur est super : il parle bien anglais, donne des explications et surtout, il est sobre !

Un autre coup de cœur architectural est Ta Prohm. Arrivés un peu avant 7h30, nous patientons avec six autres touristes pour l’ouverture officielle. « Officielle » car un groupe de Chinois n’a pas hésité à entrer sans tenir rigueur de la barrière… Bref. Ce vaste temple a la particularité de ne faire qu’un avec la jungle ! Comme si les arbres (des fromagers) prenaient le pouvoir et utilisent leurs racines pour s’appuyer sur les fondations afin de se hisser toujours plus haut. Nous sommes seuls et petits entre les murs, dominés par ces immenses troncs. On se prendrait pour Indiana Jones ? Ici, le lichen apporte une touche vert clair aux blocs de grès que viennent éclairer les premiers rayons. Encore une fois, chaque temple a sa propre ambiance et ici, la nature se fait puissante, intense.
Direction ensuite Banteay Kdei et sa terrasse surplombant le bassin Sra Srang, ou le bain royal. Les marchandes interpellant les touristes pour vendre eau et autres boissons fraîches gâchent un peu la quiétude du lieu mais bon. Le temple, entouré de verdure, semble figé dans l’espace. L’édifice est bien préservé mais il en émane une certaine fragilité. À l’ouest, un portail perdu entre les arbres permet de s’enfoncer un peu plus dans la forêt, sous le regard du Bouddha sculpté.
Nous terminons cette boucle par deux « petits » temples assez similaires situés de part et d’autre de la route : Thommanon et Chau Say Tevoda, dédiés à Shiva et Vishnou. Ils ont été restaurés respectivement par les Français et les Chinois d’où leur bon état ! Il faut avouer qu’à ce moment, nous saturons un peu des temples et la fatigue accumulée plus la chaleur ne nous aident pas à les apprécier à leur juste valeur. Je peux juste dire qu’ils ont de beaux prangs sculptés (promis, je n’en parle plus après !).

Nous repartons donc à l’hôtel profiter une dernière fois de la piscine et nous reposer avant le retour en Thaïlande prévu le lendemain.
Je n’ai pas assez de synonymes du mot « merveilleux » pour qualifier Angkor et particulièrement Angkor Wat. Ce fut trois jours extraordinaires, une vraie bulle d’oxygène, loin de l’humidité et du tumulte du sud thaïlandais.
Malgré tout, il faut être réaliste. Le nombre de touristes croît chaque année, aucune mesure de la part du gouvernement n’est prise actuellement pour préserver au minimum ces vestiges et le grès est attaqué par un champignon. En clair, le site tend à disparaître plus rapidement que l’on croit…

Pour profiter au mieux du site, il faut fuir les touristes à mon sens : quoi de plus désagréable d’avoir une centaine de personnes autour de soi, poussant, faisant des selfies improbables, parlant fort… Pour cela, il n’y a pas mille solutions : il faut se lever tôt et aller à contresens ! Que ce soit en tuk-tuk, en vélo ou à pied, tout est possible ! Trois jours à Angkor permettent de voir une très grande partie des temples, les plus populaires et les plus cachés.
Nos adresses
- Fresh Fruit Factory : leurs ice mountain font partie des meilleures qu’on ait jamais mangées ! Surtout celle à la banane servie avec un coulis de banane fraîche. Miam ! Le patron est génial. En plus, ils utilisent des pailles en bambou.
- Jomnan’s Kitchen : un resto où on peut manger de délicieux plats typiques à même le sol sur une table basse.
Bonjour Hélène et Xavier. Toutes les photos sont magnifiques. On voyage en même temps que vous. On découvre de belles choses et on se croirait un peu là-bas. Bisous. Jean-Pierre et Anne-Marie
Bonjour, merci beaucoup ! Bisous à vous 4.