Bagan, la ville aux 2 000 pagodes

Après quelques jours dans Mandalay et ses alentours, c’est parti pour Bagan à 150 kilomètres au Sud-Ouest de Mandalay pour échapper à la pluie diluvienne (les rues de Mandalay sont bien inondées…). Le réceptionniste de l’hôtel nous explique que le bus est le moyen de transport le plus simple et le plus rapide pour se rendre à Bagan. Il peut nous réserver les billets d’une navette régulière ce qui nous convient parfaitement ! Pour un premier déplacement au Myanmar, nous n’hésitons pas surtout que le prix n’est vraiment pas élevé pour cette distance et ce temps de trajet (9 000 kyats chacun pour 5h de route…). 5h pour 150 km ça ne choque personne ? Le départ est prévu pour 11h le lendemain !

Sur la route jusque Bagan

Le lendemain vers 10h30, un pick-up passe nous chercher, puis fait le tour des hôtels pour récupérer quatre autres personnes, afin de nous emmener à la gare routière qui ressemble plus à un grand parking qu’autre chose. Une fois nos sacs à dos dans la soute et 45 minutes de retard (monnaie courante dans les transports birmans), nous laissons derrière nous Mandalay.

Contrairement à ce que nous pensions, il n’y a pas que des touristes dans le bus. En fait, le bus est « standard » et non « VIP », ce qui fait qu’il s’arrête pour prendre et déposer des personnes en route. Parfois, il s’arrête au milieu de nulle part ! (Je ne suis pas sûr que les horaires soient très précis ?). Par contre, comme nous l’avions lu un peu partout, il fait froid dans les bus : la climatisation est toujours à fond ! Mais c’était sans compter notre super gilet (Gap, comprendra qui pourra !) et notre super coupe-vent qui nous ont empêchés d’être malades (ce qui aurait été dommage quand même).

À mi-chemin, le bus fait deux arrêts coup sur coup. Tout d’abord, à la station essence pour faire le plein (et pour faire une pause toilettes) puis, dans un restaurant au bord de la route pour que l’on puisse manger. Comme nous n’avons pas envie d’être malades sur la route, pour ne pas brusquer notre estomac et nos intestins nous ne mangeons qu’une banane que nous avons avec nous (le curry sera pour une autre fois !).

Le trajet en bus n’a rien d’exceptionnel, hormis son conducteur fou, mais nous permet de profiter de la diversité des paysages qui changent au fur et à mesure que nous allons vers le sud. La ville laisse place aux villages et aux champs (des rizières notamment), nous croisons moins de monde mais plus d’animaux : vaches, cochons, chevaux juste en bordure des routes. Celles-ci sont plus étroites et plus chaotiques. À un moment le bus pile : une vache était au milieu de la route !

Sur la route vers Bagan

Malgré le retard au départ et les deux pauses sur la route, le bus arrive au terminus à Nyaung-U à côté de Bagan avec 30 minutes de retard. À peine descendus que nous sommes pris d’assaut par les taxis. N’ayant pas d’autres possibilités de nous rendre à l’hôtel, nous en prenons un (10 000 kyats non négociables). Sur la route, il s’arrête au poste de contrôle pour que nous payions notre ticket pour la zone historique de Bagan.

Droit d’entrée

Il est obligatoire d’avoir sur soi un ticket valide pour entrer dans cette zone, là où se trouvent la plupart des pagodes. L’argent de ce droit d’entrée va directement dans les caisses de l’état et ne profite pas aux habitants (comme beaucoup de tickets malheureusement…). Ce ticket, coûtant 20$ ou 25 000 kyats par personne (il est plus intéressant de payer en kyats), permet d’accéder à la zone pendant 3 jours. En effet, depuis le 1er juillet 2018, le gouvernement a décidé de raccourcir la durée de validité du ticket de 5 à 3 jours (mais le prix, lui reste le même !).

Nouvelles règles d’admission dans Bagan

Contrairement à ce que nous avions lu, nous sommes contrôlés plusieurs fois : le soir quand on attend le coucher du soleil et à l’entrée de plusieurs pagodes célèbres. Si vous pensiez passer entre les mailles du filet en ne vous acquittant pas du ticket à votre arrivée, il est fort possible que vous vous fassiez rattraper. De ce que nous avons entendu, les fraudeurs n’ont cependant pas d’amende, ils doivent juste s’acquitter du droit d’entrée lors du contrôle.

Observer le lever et le coucher du soleil

Depuis février 2018, il n’est plus possible de monter sur la grande majorité des pagodes afin d’admirer la beauté de l’aube et de l’aurore. Il y a plusieurs théories derrière ce changement de situation : la sécurité des visiteurs, la préservation des pagodes, mais aussi le fait que le gouvernement souhaiterait contrôler le flux de voyageurs pour faire de Bagan un endroit de luxe (en réduisant le nombre de backpackers grrr).

Lever du soleil sur Bagan

Trouver un endroit sympa avec une belle vue est devenu un véritable challenge. La première solution est de demander aux locaux qui en font désormais un business : toute la journée on croise des Birmans demandant si nous voulons escalader un temple. On ne paye pas pour aller sur le lieu mais on doit aller voir son atelier / magasin pour acheter après (on n’est pas obligé d’acheter mais ce serait quand même mieux). Une deuxième solution est de regarder sur l’application MAPS.ME, qui est beaucoup plus détaillée que Google Maps dans la région. Elle est gratuite et on peut télécharger les cartes de tous les pays et ainsi pouvoir les consulter sans réseau ! On y trouve tous les chemins en plus des routes principales et quasiment toutes les pagodes avec des commentaires (ouvert / fermé). La dernière solution est de chercher sur internet : ce site nous semble être le plus à jour.

À la découverte de Bagan

Des pagodes dans Bagan

Sa construction n’est pas datée mais on sait que, grâce aux fouilles, en 850, la ville avait déjà un rôle important. Son âge d’or commence à partir du XIe siècle où un moine venant de la ville de Thaton convertit le roi Anawratha au bouddhisme theravada qui est encore méconnu dans la région. L’enthousiasme du roi envers cette branche du bouddhisme est tel qu’il conquiert Thaton et en ramène archives, reliques et une partie de la population. Il fait alors construire une série de temples afin de donner à Bouddha le cadre sacré qu’il mérite et crée ainsi une sorte de ferveur religieuse. Ses successeurs continuèrent la construction qui s’arrêtera en 1287 avec la chute de Bagan causée par l’invasion de la ville par les Mongols et les Chinois. À cette date, plus de 12 000 temples et pagodes sont répartis sur la plaine ! En 1975, la Birmanie subit un des plus gros tremblements de terre de son histoire et les dégâts sur les temples sont nombreux. L’UNESCO met alors en place un programme de restauration permettant la sauvegarde de la plupart d’entre eux. En 1990, le gouvernement expulse la population en dehors de la zone historique pour cause d’insalubrité du site (officiellement). On différencie alors le « New Bagan » du « Old Bagan ». En 2016, Bagan subit à nouveau un tremblement de terre causant également des dommages.

Nous avons prévu de passer trois nuits à Bagan. Pour nous balader librement et profiter au mieux des pagodes, nous louons un e-bike (scooter électrique) pour deux jours. On peut également louer des vélos mais avec les chemins ensablés, la chaleur et la distance, ce n’est pas tellement pratique.

Notre e-bike : le meilleur moyen de se déplacer dans Bagan

Jour 1 : le réveil sonne à 4h30 (ça pique !) et nous récupérons les clés du scooter à 5h pour aller voir le lever du soleil. C’est notre première fois à tous les deux sur un scooter et apprendre dans le noir, à 5h du matin, sur des routes que l’on ne connaît pas, n’est pas l’idéal ! Finalement, quelques minutes plus tard, ça commence à venir même si nous ne sommes pas très à l’aise dès que l’on quitte le bitume. Toutes les routes ne sont pas bitumées dans la région et il y a de nombreuses pistes plus ou moins meubles. Il ne faut pas oublier que nous avons un scooter (avec des petites roues) et non un 4×4 !

Notre premier lever de soleil birman est un échec complet : nous sommes sur une bute mais bien dégagée vers l’ouest ! À l’est, il y a trop d’arbres et c’est nuageux. Après avoir pas mal tourné, nous trouvons enfin un lieu avec une vue dégagée et voyons une montgolfière (la seule que nous verrons, l’inconvénient de venir en basse saison) survoler Bagan. On espère avoir plus de chance demain !

Lever du soleil sur Bagan

Nous rentrons donc à l’hôtel dormir un peu et prendre le petit-déjeuner. Une fois reposés et repus, on part à la découverte des pagodes toujours sur notre fidèle destrier !

Pagode Naga-Yon Hpaya : construite en 1184.

Pagode Nan Hpaya : construite à la fin du XIe siècle, début XIIe, elle est l’une des quatre pagodes de Bagan en grès.

Temple de Manuha : construit autour de trois bouddhas géants assis et d’un bouddha couché.

Le bouddha couché du temple Manuha

Pagode Thatbyinnyu : la plus haute de Bagan avec ses 67 mètres !

Pagode Shwegu Gyi : un temple construit sur le même modèle que le temple Bogaya en Inde.

Temple Ananda : un des plus célèbres de Bagan. Sa restauration s’est terminée en 2014.

Un bouddha dans le temple Ananda
Temple Ananda

Pagode Dhammayazika : possède encore de belles peintures murales.

Pagode Dhammayazika

Nous repartons à l’hôtel étant donné qu’il fait très chaud en début d’après-midi à Bagan. Le retour au frais permet de faire une petite sieste et d’écrire un peu pour le blog.

Le soir, nous trouvons une pagode ouverte avec un toit qui offre une vue à 360° sur Bagan. Comme peu de pagodes sont encore ouvertes, il y a foule (une vingtaine de personnes) mais au moins on voit Bagan d’en haut ! Bien que le ciel soit couvert nous voyons quand même quelques belles couleurs.

Timide coucher de soleil sur Bagan

En rentrant, on remet le réveil à 4h30 pour espérer voir ce fameux lever du jour ! Nous ne sommes pas très confiants malgré tout car il commence à pleuvoir tard dans la soirée et le ciel est très encombré.

Jour 2 : La crainte de la veille se confirme au réveil : tout est couvert ? (bon vu qu’on est fatigués cela nous arrange bien de dormir plus longtemps mais on aurait voulu le voir quand même…)

Pagode Shwezigon : une des plus célèbres pagodes de Bagan, si ce n’est la plus célèbre ! Les Birmans lui vouent un véritable culte. On avoue, elle est magnifique !

Pagode Shwezigon

Temple Htilominio : un magnifique temple-pyramide. Des marchands sont positionnés tout autour du temple, on voit qu’il s’agit d’un temple très visité par les touristes.

Un bouddha dans le temple Htilominio

Monastère Nat Taung Kyaung : ce monastère nous a été conseillé par la réceptionniste de l’hôtel et c’est un véritable bijou ! Il fait partie de nos coups de cœur architecturaux. Il est tout en bois et possède de nombreux détails gravés tout en finesse. Il est situé dans une cour où il semble y avoir des ateliers. En y montant, un birman s’approche avec son portable à la main : il veut faire une photo avec nous ! Son petit garçon l’accompagne mais il reste entre les jambes de son père. Ce dernier est tout sourire, bien content de faire des photos avec nous. Ce lieu n’est pas du tout touristique et étant donné qu’il n’est pas vraiment visible de la route, difficile de savoir qu’il existe. C’était un beau moment dans cet endroit si singulier.

Monastère Nat Taung Kyaung

Pagode Bupaya : elle date du VII et VIIIe siècles mais a été reconstruite après le tremblement de terre de 1975. La vue surplombant l’Irrawaddy depuis la terrasse est jolie.

Pagode Bupaya

Pagode Shwesandaw : une pagode qui fait partie des plus anciennes. Il n’est plus possible de la visiter depuis qu’une des terrasses s’est effondrée sous des pluies diluviennes en 2017.

Pagode Shwesandaw

Temple Dhammayangyi : un temple immense qui fait partie des plus hauts de Bagan. La légende raconte que ce temple est maudit : le roi Narathu qui a ordonné sa construction pour faire pénitence de l’assassinat de son père et de son frère coupait la main des ouvriers qui n’effectuaient pas un travail suffisamment satisfaisant. Lorsqu’il fut assassiné à son tour, le centre du temple fut rempli de pierres et fermé à jamais. Les lumières qui traversent le temple sont magnifiques.

Des bouddhas dans le temple Dhammayangyi

Temple Sulamani : les magnifiques peintures murales dans ce temple sont relativement bien conservées. On devine à quel point ces temples devaient être grandioses et très colorés !

Peintures murales dans le temple Sulamani

Nous tenons bon jusque 15h30 mais la chaleur est vraiment pesante… Il devient impossible de marcher pieds nus autour des temples tellement le sol est brûlant !

Le soir, nous hésitons à retourner à la pagode de la veille quitte à ne pas être seuls ou à admirer le coucher depuis la berge de l’Irrawaddy. Finalement, le ciel est très dégagé et on opte pour le même spot qu’hier soir. Il y a encore plus de monde (et pas mal de Français !) que la veille. Ce n’est sans doute pas le plus beau coucher de soleil sur Bagan à cause des nuages qui cachent le soleil juste à l’horizon (c’est un complot !) mais le spectacle reste magique. Le ciel se teinte de rose et la brume commence à monter au loin.

Coucher du soleil sur Bagan

Jour 3 : ce sera une journée piétonne aujourd’hui ! Nous marchons jusqu’à l’Irrawaddy et découvrons par hasard la pagode Lawkananda qui surplombe la rivière. Elle ressemble à Bupaya mais la vue sur la rivière est beaucoup plus impressionnante.

Vue sur l’Irrawaddy depuis Bagan

Ayant vu de nombreux des temples et pagodes, nous décidons de sillonner les quartiers de Bagan à pied pour nous imprégner une dernière fois de la ville. Il a plu la nuit dernière et certaines rues sont inondées. À un moment, alors que nous ne savons pas comment passer, une femme nous indique un passage et déplace un banc pour nous créer un chemin sur sa terrasse. La gentillesse des Birmans nous étonne tous les jours ! Par contre, la chaleur est encore plus intense à pied vu qu’il n’y a pas d’air donc nous finissons notre petite promenade dans un bar. L’après-midi sera consacrée au blog et à la lecture au frais dans le hall de l’hôtel en attendant le pick-up qui nous amènera à la destination suivante !

Des vaches, au bord de la route, en pleine ville !

Il était impossible pour nous de citer toutes les pagodes et les temples que nous avons vus tant il y en a : certains n’ont même pas de nom mais juste un numéro ! Bagan est vraiment un lieu magique, partout où l’on regarde on voit des lieux de cultes, jamais nous n’en avions vu autant sur une si petite zone. Nous n’arrivons même pas à imaginer à quel point cela devait être beau à la grande époque de Bagan. Les siècles ont passé mais la dévotion des Birmans n’a pas changé : dans quasiment tous les temples que nous avons visités il y avait toujours quelqu’un qui priait ou faisait une offrande à Bouddha (de l’argent mais aussi de l’eau ou de la nourriture). Au moment de partir, notre seul regret est de n’avoir pas plus exploré la ville voisine de Bagan (Nyaung-Oo), célèbre pour son artisanat, ainsi que certaines pagodes éclairées la nuit.

Nos adresses

  • The Moon (2) – Be Kind To Animals : notre restaurant coup de cœur ! Nous y sommes allés trois fois ! Un excellent restaurant végétarien qui fait des lassies à tomber et offre une cuisine savoureuse et authentique.
  • Le temple 860 (21.145909, 94.883118) : pour profiter d’un coucher (ou d’un lever) de soleil depuis un toit officiellement ouvert.

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