Le Québec possède tellement d’espaces pour s’évader qu’il est parfois difficile de choisir ! La fin de l’hiver approche doucement et, en ce long week-end pascal, nous décidons de randonner dans le parc national du Bic. Situé dans le Bas-Saint-Laurent, il est plus petit (33,2 km2) que ses semblables. Pourtant, c’est un bijou à lui tout seul et les activités hivernales de plein air ne manquent pas ! Vous avez l’embarras du choix entre le fatbike, le ski de fond, la trottinette des neiges et bien entendu la randonnée (pédestre ou en raquette) avec plus de 38 kilomètres de chemins. On vous emmène sur les plus beaux sentiers de randonnée à travers les paysages uniques du Bic. À vos crampons et raquettes !
Quand la neige rencontre la mer…
Depuis Québec, la route jusqu’au parc est très agréable. La ville laisse petit à petit place aux champs. L’herbe brûlée semblable à de la paille s’étend jusqu’au Saint-Laurent, qui se rapproche progressivement du bitume. Le fleuve s’élargit et les reliefs montagneux se profilent à l’horizon. Soudain, la neige réapparaît. D’abord par plaques ici et là, puis ce sont plusieurs centimètres qui recouvrent le sol. En haut de la dernière côte, l’estuaire du Saint-Laurent se dévoile et vous donne un avant-goût d’un hiver au parc du Bic !
Amoureux de l’île aux Amours
Empruntez la route 1 et garez-vous sur le parking juste après l’administration à l’est : il dessert les yourtes et le départ des randonnées. À peine le pied posé sur la couche de neige que l’air marin chatouille délicieusement nos narines.
Un panneau indique les marées, mais on vous conseille vivement de la vérifier avant votre venue. Ainsi, vous pourrez accéder à l’île à marée basse. Par chance, elle est descendante et nous empruntons la bande de sable noir qui la rejoint. Nous restons ébahis devant ce paysage, car nous découvrons aujourd’hui un nouvel aspect du Canada. C’est un magnifique contraste de couleurs et de textures entre les rochers, les algues, les coquillages jonchant le sable, la neige, l’eau, les sapins et le ciel.
Nous longeons l’île par l’est jusqu’à son extrémité, puis rebroussons chemin en inspirant goulûment l’air iodé. Une trouée à travers les arbres indique le début d’un passage. Quittez alors les grains de sable pour écraser l’épaisse couche de poudreuse du sentier, qui s’enfonce dans la forêt. En quelques mètres, le dépaysement est total parmi les hauts sapins. Après quelques marches bien raides, le sillon tracé par nos pas débouche sur la côte ouest de l’île. Il est temps de contempler une dernière fois ce tableau avant de revenir au parking.
Les Anses magiques
Après cette belle introduction, vous pouvez faire Les Anses, à partir du même stationnement. Sortez les raquettes ! La neige est fraîche et c’est assez jouissif de marcher dessus. Après avoir dépassé les yourtes, le chemin forestier monte doucement, puis descend en un couloir étroit vers la première plage.
On se déchausse pour parcourir à notre guise le sable bordant l’Anse aux Bouleaux-Est. L’horizon est si lointain : difficile d’admettre que c’est bien un fleuve et non la mer, n’est-ce pas ? Ici, le soleil n’a pas réussi à faire fondre les plaques de glace parsemées sur les champs d’algues échouées. Il amorce sa descente dans le ciel et projette l’ombre des sapins sur le sol. Dans leur prolongement, des stries laissées par la marée dans le sable se poursuivent jusque dans l’eau.
Une fois les raquettes remises, nous traversons la forêt de conifères, qui ploient sous leur manteau blanc. Sur le sentier, nous sommes uniquement accompagnés par la brise marine, le bruit sourd de la neige comprimée par nos pas et les rayons solaires que filtrent les arbres. Un véritable tête-à-tête avec la nature, c’est notre définition de la liberté !
Puis, nous arrivons à l’Anse aux Bouleaux-Ouest, zone d’observation des phoques en été. La neige s’étend sur la plage couverte de bois flotté ramené par les flots. On profite d’une table de pique-nique pour savourer la quiétude du lieu. Au bout d’un moment, nous apercevons un cerf de Virginie au bout de la langue sableuse. Les jumelles sont alors indispensables pour l’observer sans le déranger. Il a dû nous sentir, mais cela ne l’empêche pas d’étancher sa soif dans les tranchées remplies d’eau. Nous quittons ce havre de paix en rejoignant la section de la route 1 qui retourne au parking.
Prendre de la hauteur et le large
Maintenant, cap à l’ouest ! Pour cela, rendez-vous à P3, le parking situé au bout de la route 1 après le relais le Pékan. On a envie de se dépasser avec la randonnée la plus difficile (en hiver) du parc du Bic : Le Pic-Champlain ! À partir de P3, grimpez un peu avant d’atteindre le début du chemin. Bien que ce soit un sentier de raquette, on peut s’en passer ici. En été, vous pouvez stationner à proximité, ce qui évite la montée d’une demi-heure et les 91 mètres de dénivelé. Finalement, cela fait un petit échauffement pour la suite !
Le Pic Champlain ou le sommet du parc
Le chemin vers le Pic apparaît à droite et on enfile les raquettes, même si la neige est un peu moins fraîche. Comme elles accrochent bien lors des montées, elles empêchent de glisser. Selon l’état du sol, vous pouvez également opter pour des crampons. Là, le sentier est très étroit et grimpe doucement entre les sapins enneigés. Sur la droite, le fleuve offre sa teinte bleu profond. Elle nous rappelle les paysages néo-zélandais et nous plonge dans une certaine nostalgie. L’effort et les rayons du soleil finissent par échauffer nos corps emmitouflés. Puis, tandis que le sommet se rapproche, les sapins laissent place à d’autres arbres dénudés.
Après une dernière poussée sur les jambes, nous atteignons le point culminant du parc (346 mètres). Le vent glacé nous happe. D’ici, vous avez une jolie vue sur toute la côte nord-ouest bordée par la baie du Ha! Ha! (c’est son nom !). On aperçoit l’Anse à Mercier et bien au loin, l’autre rive. Encore une fois, le fabuleux mélange neige/mer trouve grâce à nos yeux.
Le ciel commence à se voiler et, après un dernier regard, nous amorçons la descente par la route immaculée. Ici, les raquettes s’avèrent vraiment utiles ! Ce retour peut vous paraître un peu ennuyeux, étant donné que le paysage reste le même avec, de temps en temps, l’apparition d’un fragment azur du fleuve entre les troncs. Enfin, le parking fait son apparition.
Nous avons la bonne surprise de voir un petit halo ! C’est une première et ce phénomène nous fait oublier la longue descente. En fait, il se forme lorsque la lumière du soleil se réfracte à travers des cristaux de glace en suspension dans l’air. On peut le voir par temps froid et lorsque le ciel est un peu brumeux. Merci Jamy pour ces explications !
Le Contrebandier au bord de l’eau
Pour faire Le Contrebandier, rendez-vous au parking à l’extrémité nord de la route 1, au niveau du chalet L’Abbé. Ici, pas besoin des raquettes, la neige est tassée !
On se dirige vers la Ferme Rioux en empruntant le sentier La Colonie. Après une petite pause pour admirer la vue à marée basse, nous poursuivons vers Le Chemin-du-Nord. Le terrain est plat et longe les différentes plages. On débarque sur celle de l’Anse à Voilier pour faire le plein d’air marin.
La dernière bande sableuse est la plus longue et arrive jusqu’au Cap à l’Orignal. Ici, la neige se mêle au bois flotté échoué parmi les milliers de roches façonnées par l’eau salée. Cette plage nous remémore l’Islande avec son sable noir et ses montagnes escarpées tachées de blanc. C’est encore un moment propice à la contemplation ainsi qu’à l’introspection.
Nous rebroussons chemin jusqu’au chalet Lyman et pénétrons dans les terres. Le Contrebandier nous entraîne jusqu’à l’Anse à Mouille-Cul (vive l’humour québécois !). Une petite pause sur un gros tronc de bois flotté est bienvenue. À l’horizon, les nuages n’ont pas réussi à cacher complètement les rayons dorés. Sans les corbeaux et leur croassement, nous aurions été seuls au monde avec pour uniques sons, le clapotis de l’eau et le bruit des branches balayées par le vent.
Ultime effort sur Le Scoggan
Revenus sur Le Chemin-du-Nord, nous empruntons à droite le sentier Le Scoggan, qui commence 300 mètres après le chalet Feindel. Cette fois-ci, les crampons sont de sortie. La montée est constante dans ce couloir bordé de sapins. À l’intersection, vous pouvez prendre à droite pour faire La Pinède (2 km). On continue tout droit, ce sera une prochaine fois ! À partir de là, le chemin descend autant qu’il n’a monté précédemment. Puis, un nouveau croisement incite à rejoindre Le Contrebandier. Elle ne figure pas sur la carte alors que vous pouvez faire une jolie boucle en remontant jusqu’au Cap à l’Orignal. Nous poursuivons sur un terrain relativement plat jusqu’à la Fourche à Louison.
D’un coup, la baie du Ha! Ha! se dévoile. En avançant un peu plus à droite, la falaise teintée d’ocre plonge dans l’eau chahutée par le vent. À l’inverse, les rochers constitués de minces feuillets sombres percent la neige pour se dresser vers le ciel. L’îlet au Flacon se détache au loin dans la brume annonçant le crépuscule. Cette vue imprenable balaie la fatigue accumulée des précédentes randos. Prenez quelques minutes pour vous asseoir sur le banc au bord de la baie ou sur un tronc échoué : dépaysement garanti.
Le soleil poursuit sa course vers l’horizon : il est temps de puiser dans nos ressources pour remonter sur le sentier. Le retour est un peu laborieux et devient inintéressant une fois sur La Colonie. Bref, il est urgent d’arriver au parking !
Love like a sunset
Vous le savez, les couchers de soleil sur le Saint-Laurent sont réputés pour être splendides. Nous partons alors vers Saint-Fabien-sur-Mer aux abords du parc afin de voir le jour décliner. À l’intersection, nous partons à droite pour longer le fleuve jusqu’à l’Anse à Mercier. Par chance, il y a un petit parking au bout de la plage, mais la vue n’est pas dégagée. Malgré tout, c’est un joli spot si vous souhaitez profiter de la plage et du calme en journée. Pour profiter pleinement, prenez à gauche à l’intersection (ou en face si vous venez de la plage) et garez-vous 500 mètres plus loin, sur un petit parking en hauteur.
Après avoir vérifié l’orientation, nous attendons patiemment le déclin du soleil. L’air se fait plus frais sur le visage et la lumière du jour prend une teinte orangée. Les maisons à flanc de falaise sont éclairées d’une douce lueur, comme un dernier coup de projecteur avant de sombrer dans l’obscurité. Le Saint-Laurent est tranché d’une traînée incandescente devenant progressivement un fin trait pointillé surmonté d’une bille de feu. En quelques secondes, le jour a pris fin laissant comme vestige un horizon embrasé.
Dernière bouffée saline
Cette nuit, la neige est revenue et c’est sous un mélange de flocons et de gouttes que nous entrons une dernière fois dans le parc. Pas de randonnée prévue, juste un retour à l’île aux Amours, comme pour graver cette image plus profondément. La marée est haute, mais elle n’empêche pas de voir un autre panorama. Les couleurs sont différentes : ici, ce n’est plus la neige qui ressort mais l’herbe séchée, qui se détache dans ce décor gris sombre.
Une dernière inspiration.
Infos pratiques
Bizarrement, on va toujours au parc du Bic en hiver. Peut-être qu’inconsciemment, nous pensons que l’été donne une atmosphère moins mystique au lieu. En tout cas, il reste un des plus beaux parcs du Québec et nous ne pouvons que vous le conseiller. Qu’importe le sentier que vous choisissez, la magie opère toujours.
Où ?
Le parc national du Bic est situé sur la rive sud du Saint-Laurent, sur la route 132 juste après Saint-Fabien et avant Rimouski. Comptez trois heures de route depuis Québec. L’hiver, vous accédez au parc uniquement par l’entrée principale de la Rivière-du-Sud-Ouest, à l’extrémité est.
Tarifs
- Billet quotidien : 9,55 $ par adulte de plus de 18 ans, gratuit pour les enfants.
- Carte annuelle des parcs nationaux du Québec (Sépaq) : 88,50 $ par adulte de plus de 18 ans.
Que faire à pied ?
- L’île aux Amours depuis le parking des yourtes à l’est, juste après l’administration : 2,5 km, 45 min, mixte, facile, attention à l’escalier raide dans l’île.
- Les Anses depuis le parking des yourtes : 3,3 km, 1 h, boucle, facile.
- Le Pic-Champlain depuis P3 : 8 km, 2 h, boucle, intermédiaire.
- Le Contrebandier via La Colonie et Le Chemin-du-Nord depuis le parking avant le Chalet de l’Abbé : 9 km, 2 h 15 min, mixte, facile.
- Le Cap à l’Orignal et Le Scoggan via La Colonie et Le Chemin-du-Nord depuis le parking avant le Chalet de l’Abbé : 11,4 km, 3 h 35 min, mixte, intermédiaire.
Détail des randonnées au parc national du Bic
Les Anses
Le Cap à l’Orignal et Le Scoggan via La Colonie et Le Chemin-du-Nord
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