Le parc national des Prairies (Grasslands National Park) est un de nos gros coups de cœur durant la traversée du Canada en 1 mois. La Saskatchewan est décidément bien étonnante ! On vous emmène à nos côtés pour une immersion de 2 jours dans l’histoire et dans la nature à son état pur au centre du Canada.
Présentation du parc national des Prairies
Le Grasslands National Park se situe tout au sud de la province de la Saskatchewan et se divise en deux blocs, l’un à l’est et l’autre à l’ouest, que 170 km en voiture séparent. Ils ont chacun leurs atouts et présentent des panoramas bien différents. De ce fait, nous vous conseillons de passer 2 jours dans le parc des Prairies pour vous imprégner au mieux de l’ambiance quelque peu surprenante de cette région au sud de la Saskatchewan !
Pour accéder aux deux blocs, vous devez avoir en votre possession un pass de Parcs Canada. La carte annuelle est intéressante si vous souhaitez visiter d’autres parcs nationaux. Sinon, vous pouvez demander un accès journalier à l’accueil du camping de chaque bloc.
Conseil : vous restez camper ? Si le ciel est dégagé, profitez-en pour braver la nuit en contemplant le ciel empli d’astres ! Le ciel du parc national des Prairies s’offre complètement à tous les visiteurs par l’absence de pollution lumineuse. Nous n’avons pas eu la chance d’apercevoir un magnifique ciel étoilé mais on espère que la prochaine fois sera plus propice à l’observation de l’immensité céleste. En guise de consolation, on a assisté à deux beaux couchers de soleil.
Une terre chargée d’histoire
Le parc des Prairies est profondément ancré dans l’histoire. La preuve réside sous nos pieds : des milliers de fossiles témoignent de la présence dans les prairies de dinosaures terrestres et aquatiques. Plus « récemment », les glaciers qui recouvraient la surface se sont retirés, révélant les prairies. Les terres furent alors habitées par les Premières Nations qui y pratiquaient la chasse au bison. Ils y habitaient une partie de l’année afin de suivre la migration des bovidés. D’ailleurs, on retrouve des couloirs de chasse au bison dans les deux blocs, tout comme des cercles de tipis (on en dénombre 20 000 dans le parc des Prairies !).
Ensuite, les Européens ont débarqué entre les 17e et 19e siècles pour la traite des fourrures. Le gouvernement a souhaité alors dédier la région à l’élevage à la fin des années 1800. Les bisons ont disparu au profit du bétail dans les pâturages, des fermes et ranchs ont été construits mais les conditions sont rudes… Malgré tout, des pionniers et des éleveurs sont restés et se sont établis autour du parc national.
Une faune protégée
L’animal phare du parc national des Prairies est sans nul doute le bison. En réalité, ce sont plusieurs centaines d’animaux qui se côtoient, dont 30 espèces en péril. Les bisons des plaines ont été réintroduits en 2005 dans le parc des Prairies suite à leur disparition 120 ans plus tôt. Aujourd’hui, plus de 500 bovidés arpentent la prairie indigène. Parmi les autres espèces, on peut citer : le cerf de Virginie, l’antilocapre, le coyote, le blaireau d’Amérique, les colonies de chiens de prairie à queue noire, de nombreux oiseaux et rapaces, les serpents à sonnette, le grand iguane à petites cornes, les veuves noires (cachées heureusement)…
Une flore unique
À ce jour, il ne reste que 17 % de la totalité de la prairie mixte (aucune espèce ne domine) indigène et de nombreuses mesures sont prises pour protéger cet écosystème fragile. D’anciens champs sont réensemencés afin qu’ils retrouvent leur état d’origine, 1500 hectares ont déjà été transformés !
1 jour dans le bloc est du parc national des Prairies
Nous sommes partis d’Assinboia, la dernière ville importante avant le parc, en même temps que le soleil amorçait son lever pour parcourir la centaine de kilomètres jusqu’au bloc est. Les différentes pistes se succèdent et les premiers animaux font leur apparition. C’est là que l’on découvre la présence d’antilopes au Canada ! Dingue, non ? Cette antilope d’Amérique (ou antilocapre) se cache souvent dans les champs bordant le parc des Prairies et croyez-nous, cela fait quelque chose de voir cette créature singulière ici ! Nous croisons aussi beaucoup de rapaces, dont un pygargue à tête blanche, aussi surpris que nous, qui détala loin du renard constituant son repas…
Avant d’entrer à proprement parler dans le parc, le panorama est déjà époustouflant. On est loin des champs à perte de vue rencontrés au nord de la Saskatchewan et du Manitoba !
La promenade des Badlands, la route panoramique du bloc est
La promenade des Badlands (Badlands Parkway) est la route panoramique du bloc est des Grasslands. Si vous avez peu de temps ou souhaitez faire les deux blocs en une journée, passez en voiture (ou en vélo) par cette incontournable route goudronnée de 22 kilomètres aller-retour. Vous pourrez vous arrêter aux 6 points de vue qui surplombent cet environnement unique et les sentiers pour y accéder sont courts (350 mètres grand maximum). Il vous faudra environ 2 heures pour la parcourir. Petit conseil : faites-la tôt le matin ou tard le soir pour éviter la chaleur (si c’est l’été) et les « embouteillages ». Vous aurez aussi davantage de chances de croiser les animaux emblématiques du parc national des Prairies !
Attendez-vous à un paysage mi-lunaire et mi-fantastique. Difficile d’imaginer que les peuples indigènes étaient présents ici il y a plusieurs centaines d’années ! Pourquoi appelle-t-on ces terres les Badlands ? On doit cette expression aux trappeurs franco-canadiens qui ont qualifié ce coin des Prairies de mauvaises terres. La traduction anglaise, bad lands, est alors restée. En effet, les conditions y sont extrêmes ! La chaleur est presque insupportable en plein été alors que les hivers sont bien froids. De plus, des rafales de vent balaient régulièrement la région. Lors de notre passage à la mi-septembre, le froid et le vent nous ont happés en perçant nos différentes couches de vêtements, ce qui a ajouté une dimension presque effrayante au paysage. Et qui dit prairies, dit une vaste étendue dénuée d’arbres sous lesquels on peut s’abriter… Toutefois, ce climat constitue un habitat pour des espèces uniques au Canada !
Les randonnées du bloc est
5 randonnées sont possibles dans le bloc est du parc des Prairies, mais 3 sont vraiment notables. Tout dépend du temps que vous avez sur place. Leur départ se situe juste derrière l’accueil du camping. Nous avons parcouru le sentier de la vallée des 1000 Devils (Valley of 1000 Devils Trail) et celui du Ruisseau-Rock (Rock Creek Trail). Si on avait eu plus de temps, on aurait sans doute tenté la route des Buttes-Rouges (Red Buttes Route).
La vallée des 1000 Devils : 11,5 km, 2 h 21 min, + 202 m, mixte, facile/intermédiaire selon les conditions (télécharger la trace GPX). Cette randonnée est tout simplement incroyable, nous avons eu le souffle coupé tout au long du sentier. Ce dernier ne présente pas de difficultés majeures, il est très bien balisé. Faites attention s’il a plu les derniers jours avant votre visite ! Plusieurs portions du sentier sont constituées de glaise qui devient glissante par temps humide.
Le Ruisseau-Rock : 2 km, 45 min, boucle, facile. Si vous faites la vallée des 1000 Devils, vous passerez forcément par ce sentier. Si vous êtes pris par le temps, cette courte randonnée vous donnera un aperçu du coin. Pour le coucher du soleil, ce sentier est idéal aussi.
La route des Buttes-Rouges (Red Buttes Route) : 16 km, 5-7 h, linéaire, intermédiaire/difficile selon les conditions. Sachez que cette randonnée ne suit pas un sentier bien défini. Autrement dit, c’est à vous à vous orienter à travers les pâturages jusqu’aux fameuses buttes rouges. À votre boussole et à votre sens de l’orientation pour rejoindre les petits monts colorés !
Infos pratiques sur le camping au bloc est du parc des Prairies
Le camping du Ruisseau-Rock se situe juste après le début de la promenade des Badlands. Vous avez accès à l’eau potable, un robinet se situe juste devant l’accueil et un lavabo un peu plus haut devant les tentes oTENTik. C’est d’ailleurs ce dernier type d’hébergement que nous avons choisi dans le camping. C’est la solution idéale si vous êtes en voiture sans équipement adéquat… Franchement, on n’a rien à dire sur ces grandes tentes en bois : du camping pas trop roots !
1 jour dans le bloc ouest du parc national des Prairies
Nous avons dormi au bloc ouest en revenant de l’Ouest canadien, depuis la ville de Maple Creek, à 4 heures de route du parc des Prairies. Ici, le paysage change radicalement par rapport au bloc est. On se rend compte à quel point les lands étaient bad de l’autre côté ! Là, nous sommes définitivement dans les Grasslands et c’est encore une fois sublime. Moins vallonné, plus jaune, le bloc ouest est connu pour être la terre des bisons ! Je ne sais pas vous mais avant de faire ce voyage, on n’imaginait pas une seule seconde la présence de bisons au Canada. Je pensais naïvement qu’il y en avait uniquement de l’autre côté de la frontière, aux États-Unis !
La route panoramique de l’écocircuit dans le bloc ouest
Dans le bloc ouest, point de bad lands mais plutôt une route panoramique qui prend la forme d’une piste qui mène au camping et au-delà. L’accueil vous donnera un petit fascicule avec les différentes étapes de l’écocircuit. Ce dernier s’étale sur 20 km de long pour environ 2 h d’exploration à travers les prairies sauvages.
Au début de la route, tendez bien l’oreille. Vous entendez ces petits jappements ? Ce sont les chiens de prairie à queue noire qui préviennent leurs congénères de la présence d’intrus. Sincèrement, on pourrait passer des heures à les observer, ils sont si mignons ! Ensuite, ouvrez bien l’œil, vous n’êtes pas à l’abri de voir un bison au bord de la route. Différents panneaux d’interprétation vous narrent tout au long de la piste la vie des animaux, des végétaux et des peuples autochtones qui ont bravé ce climat extrême… Contrairement au bloc est, les points de vue se font ici majoritairement le long de la route.
Les randonnées du bloc ouest
De ce côté aussi, plusieurs sentiers de randonnée sillonnent les terres des Premières Nations. Parmi les randonnées du bloc ouest, nous avons fait la randonnée du sentier de Broken Hills (Broken Hills Trail), c’est la seule à offrir une vue à 360° ! Sinon, on aurait sans doute parcouru le sentier Timbergulch (Timbergulch Trail) ou le sentier de la Butte-70 Mile (70 Mile Butte Trail).
Les Broken Hills (Broken Hills Trail) : 9 km, 1 h 48 min, + 208 m, linéaire, facile/intermédiaire selon les conditions (télécharger la trace GPX). Pour trouver le départ de la randonnée, c’est un peu vicieux. Une fois garés au parking Belza, rebroussez chemin à pied jusqu’à l’embranchement avec la route panoramique de l’écocircuit. Traversez la route et revenez un peu vers le nord, vous verrez un panneau près du sol signalant le début du sentier. Les dernières centaines de mètres sont très raides mais l’effort en vaut la peine. La vue à 360° est tout simplement époustouflante et l’ambiance est mystique. Comme il était un peu tard, nous n’avons pas fait la boucle mais un aller-retour en suivant la portion du retour (à droite à contresens). On n’avait pas trop envie de se faire surprendre par la tombée du jour…
Le sentier Timbergulch (Timbergulch Trail) : 17 km, 5-6 h, boucle, difficile. Ce sentier est peut-être le seul où vous aurez le plus de chances d’apercevoir des bisons. En effet, il traverse le creux des coulées créées par des glaciers, un habitat idéal pour eux. Le départ se fait à partir du 3e arrêt.
La Butte-70 Mile (70 Mile Butte Trail) en passant par la Butte-Eagle : 4 km, 2 h, boucle, facile/intermédiaire. Cette boucle est une initiation à la végétation des prairies et offre des jolis points de vue sur la vallée de la rivière Frenchman. Attention, le départ de ces deux sentiers ne se fait pas à partir de la route panoramique mais à 10 km au sud de l’accueil du bloc ouest, à Val Marie.
Infos pratiques sur le camping au bloc ouest du parc des Prairies
Le camping de la Vallée-de-la-Frenchman se situe quasiment au bout de l’écocircuit. Attention, vous ne pouvez pas vous y enregistrer directement sur place, vous devez vous rendre à l’accueil situé dans le petit village de Val Marie, à 30 kilomètres de là. Nous avons tellement été satisfaits des tentes oTENTik que nous avons passé la nuit de nouveau sous ces abris de bois sommaires mais chaleureux. Pour vérifier la météo dans le bloc ouest, consultez les deux webcams en direct.
Conseils et bilan de ces 2 jours au sein du parc national des Prairies
Nous nous attendions à quelque chose en allant au parc national des Prairies mais certainement pas à ça… Ces incroyables panoramas ont flotté devant mes yeux plusieurs jours après avoir quitté cette terre hostile. L’endroit nous a tellement marqués que nous y sommes revenus au retour de la traversée du Canada ! Le parc des Prairies, c’est des animaux uniques, des fragrances végétales inédites, des paysages grandioses et sauvages et une expérience à vivre au sud de la Saskatchewan.
Pour l’apprécier au mieux, voici quelques conseils lors de votre visite :
- pour vous rendre d’un bloc à l’autre, des panneaux sur la route indiquent parfaitement l’itinéraire à suivre ;
- en été, emportez un antimoustique dans votre sac à dos ;
- prévoyez suffisamment d’eau : en dehors de la période estivale, l’eau potable est normalement coupée (on y avait accès lors de notre passage en septembre, mais autant être prévoyants) ;
- prenez garde à la météo : le temps change très souvent ; on a eu une journée où il a fait très froid, puis bien chaud dans un même bloc ;
- emportez une paire de jumelles : ce sont des spectacles à perte de vue et y avoir de plus près vous fera apprécier encore plus le décor tout comme les animaux présents dans le parc ;
- vérifiez que vous avez assez d’essence avant d’aller vers le parc : les stations sont limitées dans le coin ;
- les routes, souvent étroites, sont faites parfois de terre ou de gravier : prudence, surtout que beaucoup d’animaux traversent les voies (cerfs de Virginie, antilocapres, renards…).
Alors, prêts à découvrir le Grasslands National Park, un des joyaux de la Saskatchewan ?
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