Le parc des Monts-Valin est très prisé des passionnés de nature tout au long de l’année mais l’hiver est une période propice pour explorer la vallée des Fantômes ! Notre expérience aurait pu mal tourner suite au manque d’informations qu’on a eu lors de notre réservation… Mais heureusement, on a eu beaucoup de chance. Maintenant, nous sommes incollables sur ce sentier. On vous explique donc comment préparer cette inoubliable randonnée avec tous les conseils nécessaires et aussi la façon dont nous nous sommes retrouvés seuls avec les fantômes au Pic Dubuc. Frissons garantis !
La vallée des Fantômes en quelques mots
La vallée des Fantômes est sans doute le sentier le plus populaire des Monts-Valin en hiver. Cette zone préservée du parc national n’est accessible qu’en navette et ce, entre décembre et mars uniquement. Il faut donc prévoir son coup et on vous détaille tout sur la réservation juste en dessous. La navette Fantôme-Express vous dépose dans le secteur de la Baie d’Alexis et 3,1 kilomètres de marche pour 295 mètres de dénivelé vous attendent avant de vous retrouver face à ces spectres d’un autre univers…
La réservation de la navette pour accéder à la vallée des Fantômes
Laissez-moi vous expliquer un peu le déroulé de tout ce processus. En vérité, c’était plus compliqué que prévu et j’espère que cet article vous simplifiera les choses.
La réservation téléphonique au Monts-Valin
Un matin, je réserve donc nos trois nuits chez Martin en vue d’offrir à Xavier l’expérience des Monts-Valin. Seulement, je n’avais aucune idée de ce qu’il y avait à faire comme randonnées dans ce parc. Ni une, ni deux, je cherche et tombe sur la vallée des Fantômes. Connaissant Xavier, c’est ça qui le tentait bien. Spoiler alert et conseil : ne faites pas comme moi et programmez votre visite dans les Monts-Valin avant de réserver vos logements ! À la base, je voulais prendre un chalet Sépaq dans le parc mais devinez quoi, c’était complet (ô surprise…).
Je finis par téléphoner pour réserver la fameuse navette Fantôme-Express (numéro : 800 665-6527). Je lis entre temps qu’il faut s’y prendre tôt pour booker. J’ai alors comme un pressentiment… L’employé de la Sépaq confirme mes craintes, aucune place en aller-retour n’est disponible pour les trois jours. Flûte… Je me maudis d’avoir tardé autant mais bref, le fait est là.
Comme il parle d’aller-retour, je me dis qu’il y a peut-être une navette pour l’aller et qu’on pourrait revenir à pied ? En moi-même, je me dis que les navettes doivent être les mêmes, que ce soit pour l’aller simple ou l’aller-retour. À ma grande surprise, il annonce qu’il reste 2 places pour l’aller uniquement. Bon, par contre, il prévient qu’il faudra redescendre les 11 kilomètres jusqu’au centre à pied, en raquettes ou crampons, par le chemin du Bras-des-Canots. On a fait la traversée de Charlevoix l’été dernier alors plus rien ne nous fait peur, hiver ou pas. Tellement heureuse que ce voyage ne soit pas gâché, j’accepte son offre et paie. Arf, si seulement j’avais su…
Les différentes navettes pour aller à la vallée des fantômes
Ce que l’employé de la Sépaq a omis de mentionner (bon, OK, c’est écrit en partie ici), c’est qu’il y a deux navettes Fantôme-Express par jour pour les randonneurs mais avec une subtilité. On revient sur la navette pour ceux qui logent dans le parc juste après.
La première démarre à 8 h 30 (soyez là pour 8 h pour vous enregistrer) et vous fait débarquer à 9 h 15 avant de vous embarquer à 14 h pour retourner au centre. En gros, vous avez largement le temps de monter jusqu’au sommet du Pic Dubuc, vous promener autour, descendre manger un bout au coin du feu dans le relais Le Fantôme et de revenir au début du sentier, au pavillon Antoine-Dubuc pour reprendre la navette.
La seconde navette pour les randonneurs du jour part à 10 h 30 (soyez là à 10 h pour l’enregistrement). La différence avec la première navette est la présence d’un guide. En fait, un tour guidé d’une heure et quart est inclus dans le prix ! Mais ça, personne ne nous l’a mentionné… Le programme du jour est celui-ci :
- 11 h 15 : arrivée au sentier de la vallée des fantômes ;
- 12 h 15 : après 2,1 km, arrivée au relais Le Fantôme pour manger et se réchauffer ;
- 13 h : mise en route pour faire le dernier kilomètre avant d’atteindre le point culminant du parc des Monts-Valin, le Pic Dubuc ;
- 13 h 30 : début de la randonnée hors piste au sommet avec la guide dans la vallée des Fantômes ;
- 15 h : descente jusqu’au pavillon Antoine-Dubuc, à 500 mètres du point de départ ;
- 16 h : la navette repart au centre pour arriver vers 16 h 45.
Une autre navette est réservée pour les voyageurs dormant dans les différents chalets du parc. Celle-ci part à 15 h du centre et repart de la baie d’Alexis le lendemain à 11 h 30.
Voilà, au moins, vous avez les bonnes infos. N’hésitez pas à demander confirmation à votre interlocuteur lorsque vous réserverez par téléphone. Oh, dernière précision : on a calculé qu’environ 48 personnes se rendent chaque jour pour randonner à la journée dans la vallée des Fantômes. On comprend mieux pourquoi il faut s’y prendre à l’avance !
Le prix de la navette
Parlons tarifs maintenant. J’ignorais totalement le prix des navettes avant de me renseigner un peu sur le parc et il faut avouer que la vallée des Fantômes n’est pas donnée ! Pour la navette aller-retour, il faut compter par personne 55,75 dollars du lundi au jeudi (et hors fêtes et relâche), 65,50 dollars du vendredi au dimanche (et fêtes et relâche). Pour l’aller seul, le prix de la navette Fantôme-Express est de 46 dollars chacun (en plus, on a eu un rabais « basse saison » de 14 dollars).
Quand faire la réservation de la navette Fantôme-Express
Pour tout vous dire, j’ai réservé trois semaines avant notre séjour dans les Monts-Valin mais je vous conseille de vous y prendre beaucoup plus tôt. Certains parlent même d’un an à l’avance… Sans être aussi extrême, je pense que deux voire trois mois à l’avance devraient suffire. Mais alors, comment a-t-il pu rester de la place si on a réservé aussi tard ? Nul ne le saura jamais… En tout cas, il semblerait que les mois de décembre et de janvier soient encore plus populaires que la fin de la saison hivernale.
Le matériel nécessaire
On vous l’avait déjà expliqué dans cet article mais les sentiers sont pour tous donc le respect des consignes permet à tout le monde de profiter de son sport d’hiver préféré, que ce soit la raquette ou le ski nordique. Pour la vallée des fantômes, les raquettes sont obligatoires. On vous conseille d’emporter vos bâtons de randonnée, ils vous aideront bien lors de la montée. Si vous n’avez pas de matériel, la Sépaq propose des raquettes et des crampons (entre autres) à la location au centre de découverte et de services dans le secteur Piedmont.
La randonnée vers le sommet du Pic Dubuc
Après tous ces détails techniques et logistiques, on vous raconte notre aventure dans la si hypnotisante vallée des Fantômes !
L’enregistrement et les dernières consignes
Nous arrivons assez excités au centre de découverte. On appréhende les 11 kilomètres à faire en raquettes mais bon, on n’a pas le choix… À l’accueil, une employée de la Sépaq nous enregistre. Pensant que nous prenons le Fantôme-Express aller-retour, elle nous briefe sur le tour guidé au Pic Dubuc. On l’arrête en lui indiquant que nous la prenons qu’à l’aller et que nous ignorions qu’il y avait une randonnée hors piste… Aussi, elle nous indique deux sentiers possibles pour redescendre : celui que prend la navette Fantôme-Express (11 km en crampons) ou celui qui passe par une partie des pics des Monts-Valin : pic de la Hutte, pic du Grand-Corbeau (17 km en raquettes). Le choix est vite fait !
En plus, elle nous précise bien qu’il n’y a pas de fantômes au sommet du Pic et qu’il faut vraiment prendre le tour guidé pour les voir. Bref, on prend la navette un peu déconfits car on doit faire l’impasse sur les fantômes de neige. C’est ça ou alors on finit la rando à la frontale pour rentrer à Québec à pas d’heure.
On se dit qu’on reviendra une autre fois pour profiter complètement du site. Toutefois, les agents à l’accueil font des pieds et des mains pour voir s’ils ne peuvent pas nous caser dans une navette retour… Comme tout le monde n’a pas fait son check-in, il se peut que deux places se libèrent. On croise les doigts très fort…
La navette
Finalement, les retardataires arrivent et nous embarquons à bord de la navette Fantôme-Express. Enfin, deux navettes plutôt. On apprendra plus tard que la seule et unique navette, une grosse dameuse, est en panne. De ce fait, deux sortes de gros pick-up montés sur chenilles nous emmènent à travers les Monts-Valin. On pourrait penser que des chenilles vont vite sur la neige mais que nenni ! Le conducteur est ultra-attentif et une chose à laquelle on s’attend pas forcément, c’est que ça secoue bien ! Tout le monde est brinquebalé dans tous les sens. Comme j’étais presque tout devant, je n’ai pas eu le mal des transports mais si vous êtes sensibles à cela, vous voilà prévenus. Il nous faudra 45 minutes pour faire 11 kilomètres.
Plus on avance, plus les sapins blanchissent. Une portion du chemin est la frontière naturelle entre le parc des Monts-Valin et l’immense ZEC Martin-Valin où de (beaux) chalets privés ont été construits au bord du lac aux Canots. Enfin, notre pilote s’arrête et nous nous dépêchons de débarquer pour qu’il puisse repartir.
Je regarde Xavier, un peu moins dépitée que tout à l’heure et je comprends qu’on pense la même chose. On va l’affronter cette rando coûte que coûte. La journée s’annonce belle du point de vue de la météo donc il n’y a pas de raisons que ça se passe mal. Les deux derniers jours ont été formidables donc autant finir comme il se doit avec la vallée des Fantômes. Nous avons eu le temps de nous refroidir durant le trajet et le vent glacial nous transit de froid. Tous les randonneurs chaussent leurs raquettes et c’est parti pour la montée !
La randonnée vers la vallée des Fantômes
La neige est suffisamment tassée pour faire office de tapis sous nos raquettes. Le groupe commence à s’éparpiller un peu, certains s’arrêtent aux différents panneaux pour participer à un tirage au sort (tout est présenté au centre de découverte mais on avait autre chose en tête à ce moment-là pour nous y intéresser). Plus on progresse, plus les sapins s’alourdissent sous les flocons amassés. Ça grimpe pas mal et on profite des magnifiques vues sur la vallée derrière nous pour faire des pauses. La chaleur de l’effort commence à se faire sentir. On remarque aussi les nombreuses traces laissées par nos amis les animaux. Pas si évident d’en trouver les propriétaires ! Ce sont principalement des renards et des lièvres qui ont marqué la couche moelleuse.
D’autres surprises nous attendent lorsque l’on relève le nez. Certains ont dessiné à la pointe de leur bâton (comme Zorro en hiver) des visages ou des formes dans la lourde neige accumulée sur les sapins. Le tout s’inscrit parfaitement dans leurs silhouettes ! Cela a le don de nous faire sourire et de nous encourager. Puis, au bout de 55 minutes de marche, un chalet en bois se dessine. Le paysage est digne d’une carte postale ! En peu de temps, tout le monde a soigneusement déchaussé ses raquettes pour les aligner parfaitement devant le relais Le Fantôme. On se croirait au ski finalement. Pas le temps de nous arrêter, on fonce au sommet !
La vallée des Fantômes au sommet du Pic Dubuc
Il reste 800 mètres à marcher jusqu’au sommet du Pic Dubuc et nous sommes impatients de voir ce qui nous attend. Une centaine de mètres avant d’atteindre le sommet, on les voit enfin. Ils se dressent là, grands, majestueux, immobiles face à la faible brise du vent, lourds, écrasés sous cette masse blanche. Nous faisons enfin face à ces fameux fantômes. Nous marchons lentement pour nous imprégner de ce paysage figé dans sa beauté pure. Il n’y a que nos raquettes glissant sur le sol glacé qui rompent ce silence d’hiver.
Enfin, nous arrivons au sommet du Pic Dubuc, à 984 mètres d’altitude. Nous ne savons plus où donner de la tête tant ils nous encerclent. Finalement, on déambule dans ce labyrinthe spectral, suivant notre instinct mais surtout les traces de nos prédécesseurs. On arrive à un point de vue sur la vallée et logiquement sur le Saguenay qui se montre timide derrière le rideau brumeux. On a du mal à réaliser qu’on se tient au sommet aperçu la veille depuis le sentier Mirador !
Avant de redescendre, on souhaite aller un peu plus loin en suivant les traces des précédents randonneurs. Il est fort probable qu’un de ces chemins soit celui du hors piste. Ce n’est pas large et les fantômes finissent par nous engloutir voire nous séparer. Curieuse sensation de troubler le silence à chaque nouveau pas. On en prend plein les yeux. Mission accomplie.
La descente
Le froid et le vent commencent à s’insinuer sous les couches de vêtements. Je pense que c’est le souffle des fantômes qui nous intime de quitter leur territoire… On amorce la descente encore ébahis, presque émus face à ce cadeau de la nature. Au final, l’employée à l’accueil n’a pas été très claire avec nous. Oui, il est bien possible de voir les fantômes au sommet du Pic Dubuc !
On arrive rapidement au relais Le Fantôme. Nous nous sommes mis d’accord pour rester un quart d’heure maximum au relais Le Fantôme afin de nous réchauffer et manger une barre tendre. Comme il est plein, une randonneuse nous laisse gentiment sa place pour rejoindre le poêle dans le coin. Cette pause est salvatrice et nous redonne du baume au cœur. À peine le temps de saluer les randonneuses qui logent aussi chez Martin que nous devons repartir. D’ailleurs, les randonneurs se préparent à grimper au sommet avec la guide Sépaq. Puis, une fois arrivés au début du sentier, on troque les raquettes contre les crampons pour faire les 11 derniers kilomètres !
Il n’y a pas à dire, c’est quand même plus aisé de randonner avec les raquettes accrochées à nos sacs à dos ! On suit les traces des navettes mais aussi celles des ski-doos qu’on croisera un peu plus loin. Malheureusement, le vent se lève et la neige s’emmêle autour de nous. De toute façon, il faut avancer coûte que coûte. Km 10, km 9… On arrive plus ou moins péniblement au lac des Canots où les chalets privés nous narguent un peu. Puis, une navette dépourvue de passagers arrive en face et s’arrête. Le chauffeur nous demande ce qu’on fait là et on lui explique la situation. Surpris, il ne comprend pas comment on a eu accès à des billets aller simple. Il regarde interloqué le second conducteur qui nous reconnaît (c’était celui de ce matin) ; impuissants, ils nous souhaitent bon courage pour la fin de la randonnée.
Le salut
On reprend la route et les ski-doos que l’on croise sont aussi intrigués par notre présence. Allez, encore un peu plus de 8 kilomètres avant d’arriver au centre ! Les conditions ne sont vraiment pas idéales à cause de la neige soufflée par le vent, mais bon, on s’accroche au fait d’avoir (enfin) fait la vallée des fantômes. Soudain, on entend deux navettes derrière nous. Nous les laissons passer et à notre grande surprise, elles s’arrêtent. Le chauffeur croisé tantôt nous rejoint et nous annonce qu’il reste une place dans chaque navette. Extrêmement reconnaissants, nous grimpons trempés dans les véhicules qui nous amèneront jusqu’au centre. C’est une nouvelle occasion de coller le nez contre la vitre et d’embrasser du regard ces silhouettes qui se défont peu à peu de leur manteau.
À peine le pied à terre que nous remercions encore une fois notre sauveur. En fait, ces deux dernières places n’étaient pas prévues initialement car ils ont pris en compte la capacité de la grosse dameuse, et non celles des deux pick-up. La gentillesse des Québécois nous touche à nouveau en plein cœur.
Notre bilan et résumé de la vallée des Fantômes
À vrai dire, on ne savait pas réellement ce qui nous attendait. Une chose est sûre, ces paysages hantés seront gravés dans vos rétines. La journée était très mal partie et au final, on a eu beaucoup de chance au retour. D’avoir le sommet rien qu’à nous et pouvoir déambuler à notre guise parmi ces monstres de neige a été le meilleur moment. Si c’était à refaire, je réserverais plus longtemps à l’avance et je prendrais un chalet Sépaq directement à côté du pavillon Antoine Dubuc. Cela permet de faire la vallée des Fantômes à son rythme, sans la rando hors piste, et de parcourir les autres sentiers de randonnée dans le secteur Baie d’Alexis.
On espère que cet article complet sur la vallée des Fantômes vous aidera pour programmer votre prochain séjour au cœur du parc national des Monts-Valin ! N’hésitez pas nous laisser un commentaire si vous avez des recommandations autour de Saguenay ou si vous avez déjà randonné dans le parc en été !
La randonnée de la vallée des Fantômes (Pic Dubuc) en chiffres :
- Distance : 6,5 km aller retour (téléchargez la carte sur AllTrails).
- Temps : 2 h 30 min
- Dénivelé : 330 m de dénivelé positif
- Difficulté : intermédiaire
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Merci de partager avec nous votre vécu dans cette magnifique vallée !
Texte très intéressant, touchant et vivant !
Vous nous renseignez parfaitement pour nous permettre de bien se préparer !
Merci 😃🙃😘
Bonjour Danielle,
Merci pour votre commentaire !
On vous souhaite un bel hiver dans les Monts-Valin 🙂
Hélène & Xavier