Nous nous sommes lancé un défi : traverser le Canada d’est en ouest. Pour certains, ce n’est pas un défi en soi. Pour d’autres, c’est inimaginable de rouler autant de kilomètres. De notre point de vue, c’est assez fou ! Au final, pour savourer ce long voyage, il faut profiter de chaque moment, s’émerveiller des petits riens. Le pays est suffisamment grand pour offrir une multitude de paysages et de cultures. Ce périple est définitivement un excellent moyen pour avoir un bel aperçu de la richesse des différentes provinces. Découvrez l’itinéraire ici ! Dans cet article, on vous raconte nos découvertes et vous donne tous les conseils pour profiter au mieux de votre traversée !
Le départ du et de Québec
Ça y est, c’est le grand départ sur la Transcanadienne et on a du mal à réaliser dans quoi on s’est lancés… Jusqu’à Montréal, pas grand-chose à signaler, on connaît cette route presque par cœur. Faites attention à l’itinéraire proposé par votre GPS, il y a un péage à l’approche de Montréal et l’éviter vous fera perdre que 15 minutes au lieu de plusieurs dollars. Rassurez-vous, il n’y en aura pas d’autres sur la traversée ! Attendez-vous aussi aux bouchons si vous ne connaissez pas le coin… C’est la première fois que nous traversions l’île de Montréal et cela nous a paru interminable.
Une fois, l’agitation autoroutière derrière nous, comprenez après le pont qui rejoint la terre ferme, la nature reprend force et vigueur. Le paysage si caractéristique de la route Québec-Montréal s’estompe et les sapins laissent place petit à petit aux feuillus.
La traversée de l’Ontario
Ça y est, nous voici en Ontario, province totalement inconnue. Pour vous dire, à part Toronto et Ottawa, nous ne connaissons pas tellement ses attraits. Une chose nous marque d’emblée, la présence de la couronne britannique sur les panneaux de l’autoroute. Pas de doute, nous sommes bien sur les terres de la Couronne !
Vers North Bay
La Transcanadienne s’entoure de champs, de prairies et les bords de route sont encore fleuris. L’horizon se dégage et on a de belles vues sur les alentours. Après avoir traversé rapidement Ottawa et ses feuilles d’érable rouges en fer forgé, nous faisons un premier arrêt dans la charmante petite ville de Cobden pour faire le plein.
Les paysages changent encore : le terrain devient vallonné et les sapins refont leur apparition, mais cette fois-ci, ils entourent de nombreux lacs et cours d’eau. L’architecture est aussi différente ici, on retrouve des petites maisons de plain-pied sur lesquelles flotte très souvent le drapeau canadien, mais également beaucoup de ranchs et des chevaux. Situé à quelques encablures de là, le parc provincial Algonquin était en haut de notre liste des choses à faire lors cette traversée mais il a fallu faire des choix… Comme la majorité des activités se situent au sud du parc, cela nous aurait pris du temps pour y aller. Des compromis, toujours des compromis :).
C’est la première fois que nous roulons 800 kilomètres d’une traite et après avoir mérité un coucher de soleil sur le lac Nipissing bordant North Bay (une ville peu animée), nous ne faisons pas long feu…
En direction de Marathon
Ce deuxième jour de la traversée du Canada est aussi chargé que le premier (840 km) mais encore plus diversifié en paysages. On quitte North Bay sous un beau soleil qui promet de jolis panoramas. On a hâte de longer les Grands Lacs, notamment les lacs Huron et Supérieur que longe la Transcanadienne !
Le Canada, terre de minerais et de panneaux
Après quelques kilomètres, on bifurque après Nickel Centre pour éviter la ville de Grand Sudbury. Instantanément, le décor change. Les grands arbres sont devenus arbustes et les petits villages aux maisons de plain-pied se sont transformés en parois rocheuses. On pourrait s’attendre à un désert rocheux quelques kilomètres plus loin… Finalement, à l’approche de Sudbury, les longues cheminées en brique des mines qui surgissent des fourrés nous ramènent à la réalité, le Canada étant connu pour ses minerais. Beaucoup plus loin, la Transcanadienne passe d’ailleurs à côté d’une immense mine de cuivre. De temps en temps, le lac Huron se dévoile mais il se fait timide…
Une chose qui nous frappe sur la route en Ontario est le nombre assez impressionnant de panneaux en tout genre. Publicitaires (pour des usines et entreprises dans le bâtiment ou la construction), chrétiens (le Seigneur est mort à cause de vos péchés), préventifs (la fatigue tue, reposez-vous), informatifs (Marathon – 3300 habitants). Sans exagérer, je pense qu’il y en a un à peu près tous les 5 kilomètres jusqu’aux abords des Grands Lacs !
Le bord du lac Supérieur
La route traverse encore d’autres paysages : forêts de sapins, prairies… Puis, c’est la découverte de la ville de Sault Ste. Marie. J’avais bien hâte de découvrir cette ville, bien connue des joueurs de jeux de société ;). À vrai dire, notre passage est express et on a bien fait de nous attarder un peu plus loin, le long d’un tout petit lac… Le petit restaurant Absolutely Delicious ne paie pas de mine mais nous confectionne des sandwichs faits avec amour que nous dégusterons les pieds dans l’eau. Après avoir dépassé un champ de panneaux solaires, des champs (des vrais cette fois) et longé des prés fleuris et colorés, nous voici au bord d’un des Grands Lacs. Pour trouver un bon spot, on fait confiance aux panneaux indiquant une mise à l’eau des bateaux. On prend la première intersection et bingo, nous nous retrouvons face au lac Supérieur, à Harmony Beach.
Franchement, un bon sandwich avec une vue imprenable sur l’océan le lac, que demander de plus ? C’est tout simplement sublime. Nous nous croyons à la mer, les pieds dans le sable chaud et le soleil qui tape nos peaux à peine bronzées de l’été pluvieux québécois. La tentation de tremper les jambes est trop forte. L’eau est translucide et nous rafraîchit délicieusement le corps. On aurait pu rester là des heures dans ce décor idyllique… Malheureusement, pas mal de route nous attend et c’était sûr que certains endroits allaient nous plaire autant mais bon, c’est le jeu. Au moins, on sait qu’on reviendra dans le coin avec grand plaisir pour des vacances prochaines. Le parc provincial du Lac-Supérieur a l’air également prometteur avec ses nombreux sentiers. Le nombre de lacs que nous dépassons est assez hallucinant…
L’arrivée à Marathon
La route finit par quitter le rivage du lac pour s’enfoncer dans les terres. On ne pensait pas voir aussi vite un ours, mais voilà qu’un de ces mammifères poilus traverse la route loin devant nous ! Nous apprendrons par la suite que les ours noirs sont très nombreux en Ontario, il y en aurait plusieurs dizaines de milliers !
À Marathon, on découvre une petite ville avec tous les commerces essentiels pour notre survie : un Tim Hurtons, un A&W et une épicerie. Ouf !
Au bord du lac Supérieur dans le parc national Pukaskwa
L’Ontario n’a pas fini de nous dévoiler ses trésors… Pour ce jour, ce sera une randonnée de 17 km sur le sentier du Pont suspendu de la rivière White via la Piste côtière dans le parc national de Pukaskwa, peu avant Marathon. Cette première randonnée de la traversée du Canada nous fait beaucoup de bien, on la voit comme un échauffement pour les prochaines semaines. En plus, le parc de Pukaskwa est enchanteur, une bouffée d’oxygène de bon matin avant d’enchaîner les kilomètres !
Le road trip se poursuit en direction de Nipigon. En vérité, cette petite ville de passage n’a pas grand intérêt, si ce n’est pour grignoter quelque chose et faire le plein (même si le prix de l’essence pique un peu !). Le pont est l’emblème de la ville et un belvédère à côté permet de s’élever un peu pour scruter les parages et les rapaces qui recherchent leur prochain repas.
Il est temps de reprendre la route et encore une fois, les points de vue sur le lac Supérieur sont impressionnants, on se croirait terriblement au bord de l’océan… De retour dans les terres, les paysages défilent avec leur lot de lacs incroyables. Les falaises nous dominent de plus en plus, laissant place à des cascades visibles depuis l’habitacle.
On commence à voir de gros travaux sur la Transcanadienne pour faire une 2×2 voies. C’est colossal ! Ils font même sauter à la dynamite les parois rocheuses pour élargir le couloir. Bref, sur plusieurs dizaines de kilomètres, c’est une véritable effervescence qui s’opère autour de l’asphalte.
Au parc provincial Sleeping Giant
Avant d’arriver au parc provincial Sleeping Giant, de nombreux panneaux de mines d’améthyste nous alpaguent sur la route pour les visiter. Nous en sommes sortis déçus : pas de visite de mines, activité de recherche de pierres dans le sable, peu de bijoux en vente… Si vous êtes vraiment passionnés par cette roche, vous pouvez en acheter sur place. Autrement, on n’a pas trouvé grand intérêt à ces boutiques (on les a toutes faites…).
Une fois au parc, on a le choix parmi les dizaines de sentiers qui serpentent à travers l’avancée de terre. Le Top of the Giant nous faisait de l’œil mais les 5 premiers kilomètres à l’aller et au retour (c’est un aller-retour) où il n’y a rien d’intéressant nous ont freinés. Idéalement, les faire à vélo aurait été parfait mais le parc ne loue pas de deux-roues… Dommage, voir les plus hautes falaises d’Ontario aurait été grisant. À la place, on choisit le sentier Sea Lion qui donne un bon aperçu du parc. D’ailleurs, la formation rocheuse nous rappelle un peu la France et son cousin d’Étretat !
La plage et Thunder Bay
Comme la marche est plus courte que celle prévue, on a davantage de temps pour profiter des bords du lac Supérieur. Direction la Wild Goose Beach ! Ici, on se fond parmi les locaux pour se baigner dans les eaux toujours aussi limpides de cette immense étendue bleue. Le temps s’est comme arrêté et cela nous rebooste pour le reste de la journée. Traverser le Canada d’est en ouest, c’est bien, mais savoir s’arrêter un moment, c’est mieux ! On le comprendra assez vite et on s’efforcera d’appliquer ce conseil tout au long de ce périple…
La destination finale du jour est Thunder Bay, la plus grande ville au nord du lac Supérieur. Son port est un des plus importants puisqu’il fait le lien avec le sud des Grands Lacs et le Saint-Laurent à l’est. Ici, bonne nouvelle, l’essence est très bon marché par rapport à Marathon et Nipigon !
Un orage est annoncé dans la soirée donc on se dépêche de faire une petite marche digestive le long de la marina. Les nuages grignotent à grande vitesse les coins de ciel dégagé et nous rentrons avant d’être trempés. Nous venons à peine de nous abriter que le ciel se déchaîne au-dessus de nos têtes. On n’a jamais vu un tel orage : la pluie est torrentielle, la rue devant est complètement inondée, les éclairs zèbrent le ciel toutes les 2 secondes et le tonnerre retentit avec force. Le tout a duré une bonne trentaine de minutes et nous a causé quelques frayeurs quand l’orage était pile sur la maison… Thunder Bay porte bien son nom pour le coup !
La fin et le bilan de cette traversée de l’Ontario
Petit fait rigolo : on pourrait penser que les fuseaux horaires suivent les frontières entre les provinces canadiennes. C’est véridique… en partie. L’Ontario est soumis à deux fuseaux horaires et le changement s’effectue 400 km avant la frontière avec le Manitoba ! Vous ne pourrez le manquer, un panneau l’indique au bord de la Transcanadienne. Pour cette dernière portion, le terrain s’est aplani et nous roulons à travers des plateaux de sapins et des lacs.
Le panneau d’entrée au Manitoba est derrière nous : l’Ontario, c’est fini ! Mais rien à faire, nous avons encore des images du lac Supérieur en tête. Pas de doute, nous avons eu un énorme coup de cœur pour cette région de la province ontarienne ! Cette première grosse étape de la traversée du Canada a été époustouflante tant cette province propose de pépites naturelles pour les amoureux de plein air. Après tout, l’Ontario est quand même large de 1600 kilomètres !
Pour la petite anecdote, nous sommes partis sous la pluie et au panneau de changement de province, le ciel s’est dégagé de suite, laissant place à un soleil éblouissant ! On connaissait ce fait météorologique du sud vers le nord, on a conscience maintenant de ce phénomène d’est en ouest !
Un passage express au Manitoba
On constate assez vite que la circulation est beaucoup plus calme que depuis notre départ. Certes, la population du Manitoba est 10 fois moins importante que celle d’Ontario (plus de 14 millions d’habitants) mais la différence est assez saisissante. Les pancartes argentées publicitaires et informatives ont vite disparu, tout comme la couronne s’est évaporée des panneaux autoroutiers, remplacée par le bison, présent aussi les plaques d’immatriculation.
Côté nature, les épinettes sont désormais loin dans le rétroviseur. Bienvenue dans les prairies du centre du Canada ! Ici, les plaines à perte de vue entourent la Transcanadienne et les routes deviennent parfaitement rectilignes. Vous avez en tête une route toute droite sur plusieurs dizaines (centaines !) de kilomètres ? Rouler au Manitoba, c’est ça ! Les 2×2 voies sont très larges, parfois espacées d’un lac et d’une forêt sur plusieurs dizaines de kilomètres, si bien qu’on est seuls au monde pendant un bout de route…
Nous sortons un peu du cadre pour nous arrêter au centre du Canada marqué par un grand panneau blanc et rouge. C’est assez dingue de se dire qu’on est en plein milieu de cet immense pays ! Bref, on s’amuse à faire quelques photos avant de revenir dans le droit chemin.
Winnipeg et Winnie
Winnipeg n’était pas sur notre programme initial mais connaître l’histoire de l’ours qui a inspiré le personnage de Winnie l’ourson était un argument de taille pour braver la ville. Pour nous rendre au parc Assiniboine qui renferme la fameuse statue de l’ours, nous avons traversé la banlieue de Winnipeg. On découvre alors une ville très étendue et typiquement américaine avec de nombreux centres commerciaux et des quartiers un peu chics où les maisons font facilement quatre fois la taille de notre appartement !
Si Winnie s’appelle ainsi, ce n’est pas par hasard ! En août 1914, le Lieutenant Harry Colebourn acquit un ours brun à White River en Ontario alors qu’il était en route pour l’étranger dans le contexte de la Première Guerre Mondiale. Il le nomma alors Winnie en référence à sa ville natale, Winnipeg ! Le mammifère devint ensuite un peu la mascotte des soldats. En décembre 1914, l’ourse (Winnie est donc une femelle !) est laissée au zoo de Londres pour en prendre soin. En 1919, le Lieutenant la donna de façon permanente à l’établissement où nombre de personnes venaient la voir. Parmi eux se trouvaient l’auteur A. A. Milne et son fils Christopher. En 1936, l’écrivain s’associe à l’illustrateur E. H. Shepard pour donner vie au personnage de Winnie l’ourson, accompagné de Christopher. La véritable Winnie vécut jusqu’en 1934.
Au final, nous ne sommes pas passés dans le centre-ville de la ville mais le peu qu’on a vu n’a pas été concluant, hormis la statue de Winnie. Allez, on laissera peut-être une chance aux atouts au cœur de la capitale du Manitoba la prochaine fois !
Le parc national du Mont-Riding
Après une courte excursion en ville, on reprend les bonnes habitudes en allant randonner dans le parc national du Mont-Riding. On quitte les herbes jaunes pour retrouver le temps d’une demi-journée les vallées et les arbres. Là aussi les sentiers ne manquent pas et nous avons jeté notre dévolu sur le Kinosao et Grey Owl vers le lac Kinosao. On découvre alors la petite ville de Wasagaming, la porte d’entrée du parc du Mont-Riding. Après la rando, nous longeons le Clear Lake qui porte admirablement son nom avant de nous promener parmi les boutiques. On arrive à la conclusion que Wasagaming est l’équivalent de la ville de Banff mais en plus petit ! Tous les commerces sont résolument tournés vers le tourisme… Mais comme la saison est bientôt terminée, nous ne sommes pas tant nombreux en ce mois de septembre.
Si c’était à refaire avec davantage de temps, on irait à l’enclos des bisons à proximité du lac Audy et on ferait une autre randonnée. Nous savions que la probabilité d’en voir dans le parc des Prairies serait élevée mais à vrai dire, on ignorait la présence d’une telle activité au parc du Mont-Riding. Une chose est certaine : nous repasserions volontiers à l’excellent restaurant/boulangerie/salon de thé Whitehouse Bakery, une adresse où on sert de délicieux roulés à la cannelle dans Wasagaming. Gourmands, nous ? À peine :).
La fin et le bilan de cette traversée du Manitoba
Plutôt que de faire la route depuis le parc national jusqu’à la Transcanadienne, nous continuons vers le nord. Apparemment, il y aurait plus de chances de voir les animaux (dont les ours) ayant élu domicile dans cet espace protégé. Toujours est-il que nous n’avons pas vu grand-chose !
Plus on se rapproche de la route 10, plus les paysages deviennent champêtres et plus les bandes de bitume se redressent pour ne former qu’un ruban noir droit devant nous. À chaque croisement, les routes paraissent simplement infinies à travers ces parcelles immenses de champs (blé, tournesols…). On croise beaucoup d’usines de transformation où les silos donnent directement sur les rails, prêts à déverser leurs grains vers d’autres horizons.
Le Manitoba n’est pas la province à laquelle on pense forcément à s’arrêter pour un road trip mais je pense qu’il mérite d’être exploré. Avec deux parcs nationaux et 90 provinciaux, il n’est pas en reste en matière de plein air ! Promis, on t’explorera plus longuement lorsque nous traverserons à nouveau le Canada !
En Saskatchewan ou le cœur des prairies canadiennes
Ce n’est pas parce que Winnipeg nous a laissés de marbre que nous allions faire l’impasse sur Regina, la capitale de la Saskatchewan. On finit par rejoindre la Transcanadienne, peu après la ville assez singulière de Fort Qu’Appelle, coincée dans une vallée au charme certain, entre les lacs Mission et Echo.
Regina, la reine du Saskatchewan
Une fois à Regina, nous faisons le choix d’explorer le poumon vert de la ville : le parc Wascana (ou Wascana Centre). On comprend tout de suite pourquoi il est tant apprécié et constitue un centre névralgique de la ville. S’articulant autour du lac homonyme, il est le siège de nombreux évènements tout au long de l’année. En vrai, il nous fait un peu penser aux plaines d’Abraham de Québec ! Comme on a un peu de temps, on flâne dans les rues du centre-ville et on doit dire qu’elles sont charmantes avec les jolies petites boutiques indépendantes (librairies, cafés…).
Assiniboia, aux portes du parc des Prairies
C’est donc avec une bonne impression que nous quittons Regina pour rejoindre Assiniboia en passant par Moose Jaw, une ville assez industrielle. Sa particularité ? Elle renferme une boulangerie de renom. Encore une histoire de roulés à la cannelle nous direz-vous. Maple Leaf Bakery est bien connue des épicuriens mais à notre arrivée, les précieuses brioches avaient toutes trouvé preneur… Pour nous consoler, nous avons arpenté l’artère principale, assez typique en son genre. Et quand on se penche un peu sur l’histoire de Moose Jaw, on comprend pourquoi la ville a des airs de Chicago.
En vérité, sa particularité notable est qu’Al Capone aurait séjourné à Moose Jaw lors de la prohibition et la localisation n’avait pas très bonne réputation au début du 20e siècle. La raison ? La présence d’un monde souterrain où se mêlaient la prostitution, l’alcool et les jeux. Bref, ces tunnels étaient idéaux pour que le gangster puisse échapper à la justice américaine.
Nous reprenons la route vers le sud, le ciel s’assombrit et le terrain ondule. Des dizaines de petites collines vert pâle nous entourent. Ici, les parcelles sont encore plus vastes que la veille : elles s’étendent à perte de vue et c’est bien impressionnant. Quelques vaches noires et brunes paissent ici et là. Des faucons demeurent stoïques sur les piquets délimitant les enclos. Puis, le sol s’aplanit et c’est sous un ciel menaçant aux nuages interminables que nous arrivons à Assiniboia, petite ville industrielle où l’agriculture est plus qu’importante dans la vie saskatchewanaise.
Randonnées et routes dans le parc national des Prairies
Le départ est fixé aux aurores pour découvrir le parc national des Prairies. On va aller droit au but : vous devez absolument passer par ce parc, que vous traversiez le Canada ou non. C’est un endroit unique au monde et jamais, au grand jamais, nous n’aurions pu imaginer vivre un tel moment dans cet environnement. Les mots ne suffisent pas à refléter la beauté et la pureté de cette nature indigène. Pour vous résumer, le Grasslands National Park, c’est :
- des paysages à couper le souffle ;
- des dizaines et des dizaines d’animaux que vous rencontrerez lors de votre passage : bisons, cerfs de Virginie, chiens de prairie, antilocapres, blaireaux, renards, rapaces… ;
- une nature à nu ;
- une plongée au cœur de l’histoire de cette région du Saskatchewan.
Sur place, nous avons parcouru les deux routes panoramiques des blocs ouest et est, fait deux magnifiques randos, assisté à un coucher de soleil fantastique et dormi dans une des tentes en bois du camping du parc. Une immersion totale et inoubliable au cœur des prairies indigènes.
Fin et bilan de la traversée de la Saskatchewan
Difficile de quitter cette nature sauvage, mais il faut revenir à la réalité. Avant de quitter la Saskatchewan, nous tenons à voir les Great Sand Hills, des dunes naturelles qui s’étendent un peu au milieu de nulle part ! En clair, une curiosité qui mérite un petit détour. Marcher sur le sable et s’imaginer au Sahara alors qu’on est bel et bien au Canada… Fou, non ?
On ne savait pas trop à quoi s’attendre lors de cette traversée de la Saskatchewan. Au fond, nous avons été très agréablement surpris. Des plaines à perte de vue, des ciels incroyables (pas pour rien que la devise de la province est « Land of the Living Skies » !) et surtout cet incroyable parc national des Prairies qui nous restera encore en tête pendant plusieurs jours. Une prochaine fois, on explorera un peu plus la partie nord de la province où les lacs ont la part belle. Quelque chose qui nous a également marqués est la gentillesse des Saskatchewanais. Tout le monde se dit bonjour dans les petites villes et on est tombés que sur des personnes très chaleureuses.
L’Alberta, au cœur des Rocheuses canadiennes
Après cette escapade mémorable, il est temps de quitter la Saskatchewan et d’entrer en Alberta, la dernière province de notre road trip (avant de traverser le Canada en sens inverse). On laisse derrière nous ces étendues indigènes pour retourner dans les prés à perte de vue, des champs d’éoliennes et de panneaux solaires, des routes ultradroites qui suivent strictement les points cardinaux, l’essence peu chère… Bref, bienvenue en Alberta, l’étape la plus longue de notre traversée du Canada. Au programme : Canmore, Banff, Lake Louise et Jasper pour un peu moins de 10 jours au sein du massif des Rocheuses.
Une fois Calgary dépassé, on finit par apercevoir au loin les montagnes. Un sourire s’étale sur nos visages, comme impression de déjà-vu…
Canmore
Si vous nous suivez déjà, vous savez que ce n’est pas notre première fois dans le massif des Rocheuses canadiennes… L’an dernier, Canmore nous avait déjà charmés par son aspect plus tranquille que Banff. Cette année, on a choisi la fin de la saison estivale étant donné qu’en juin, certains sentiers étaient encore fermés du fait de l’arrivée tardive de l’été cette année-là. Spoiler alert : la neige nous rattrapera quand même cette année.
La petite ville de Canmore est « moins populaire » que Banff ou Lake Louise et pourtant, elle offre de nombreuses belles opportunités de randonnées. Les montagnes Three Sisters font notamment sa renommée et tous les prétextes sont bons pour admirer ces trois frangines.
Banff
Impossible de dissocier Banff des Rocheuses canadiennes. Pour vous donner une idée de la popularité, ce sont 4 millions de personnes qui visitent Banff chaque année ! À vrai dire, on a tendance à fuir cette ville et nous baser à Canmore et rayonner de là. Banff, c’est bien pour acheter des souvenirs, manger une bonne glace, découvrir la ville en deux heures, faire quelques randos (le Mont Sulphur, le lac Bourgeau, les Inks Pots, etc.), mais cela s’arrête là selon nous. Pour davantage de détails, rendez-vous sur notre article sur Banff.
Lake Louise
Le lac Louise est mondialement connu à travers la planète et il vous sera difficile de passer à côté de cet incontournable d’une traversée du Canada ! À vous de voir si vous souhaitez le coupler avec une autre étendue d’eau tout aussi célèbre, le lac Moraine. On a consacré un article entier à Banff et à Lake Louise pour profiter au mieux de cet endroit unique.
La promenade des Glaciers
La promenade des Glaciers fait partie des plus belles routes du monde. On ne se lasse clairement pas de contempler ces immenses éminences rocheuses, parfois le nez recouvert de poudreuse. Tout au long de cette route panoramique de 230 kilomètres, nous nous sommes pas mal arrêtés aux différents sites notables : des lacs, des glaciers, des randonnées… Il est impossible de s’arrêter partout et rejoindre Jasper en une journée, il faut faire des choix malheureusement.
Cette année, un paramètre a imposé notre arrivée prématurée à Jasper : la fumée des importants incendies de l’ouest du Canada… Il est vrai que l’horizon s’embrumait de plus en plus… Mais après le glacier Athabasca, le brouillard s’est intensifié pour masquer complètement le paysage autour de la route. D’une région escarpée, on est passés à un paysage gris et plat. De voir la trace, rien qu’aérienne, du désastre causé par les flammes nous a brutalement ramenés à la réalité…
Jasper
Une fois la promenade des Glaciers derrière nous, place au parc national de Jasper, notre préféré dans les Rocheuses canadiennes. Moins fréquenté mais avec tout autant de charme que les montagnes de Canmore et Banff, on l’a privilégié pour refaire ce qu’on a particulièrement apprécié l’an dernier et marché sur les sentiers qui étaient fermés à cause de la neige. Nous en avons profité pour passer par les différents secteurs du parc national. Au programme : des beaux lacs, une faune riche (ours, wapitis, béliers, cerfs de Virginie, pikas…), de jolis sommets, une nature encore plus sauvage qu’au sud…
Pour le coup, on est loin des températures du sud de l’Alberta et de l’Ontario. Le froid, on s’y attendait. La neige, pas vraiment ! Mais après la deuxième nuit, force est de constater qu’une fine pellicule blanche recouvre les plus hauts sommets. Après tout, la ville de Jasper culmine à plus de 1000 mètres d’altitude ! D’ailleurs, sur le sentier des Bald Hills, nous sommes accueillis par des flocons, qui se transforment en tempête de neige au sommet ! Alors, nous avons été confrontés en juin dernier à un hiver qui jouait les prolongations et cette année, on voit les prémices de la saison blanche en septembre. Pas de doute, la neige veut notre peau :). Suite à cet épisode hivernal, on a écumé les magasins d’outdoor de Jasper à la recherche d’un bonnet et de gants fins. Une couche en plus aux extrémités n’aurait pas été de trop !
Fin et bilan de la traversée de l’Alberta
Pas de doute, on aime toujours autant cette province et il est difficile de faire un choix dans toutes les randonnées tant il y a de parcs. On pense souvent aux parcs de Banff et Jasper mais les Rocheuses et l’Alberta ne se résument pas qu’à eux ! Nous gardons encore le Kananaskis Country en tête et il mérite plusieurs jours d’arrêt… Pour la prochaine fois ? 🙂
La Colombie-Britannique
La Colombie-Britannique (ou BC pour les intimes) nous a charmés l’an dernier. Bien que nous ayons réservé tous les logements en amont, rien n’était payé donc on pouvait changer nos plans à n’importe quel moment. À peine arrivés à Canmore qu’une question s’est imposée à mon esprit : est-ce que faire Québec-Les Rocheuses en voiture, c’est traverser le Canada ? Après avoir fait 5000 km, pourquoi ne pas pousser un peu plus loin en parcourant les 1255 km qui séparent Canmore de Tofino, sur l’île de Vancouver ?
L’euphorie née de cette possibilité d’aller à l’extrémité ouest du pays à la feuille d’érable a vite été balayée par le pragmatisme. Faire quatre jours de route pour juste cocher une case n’a pas de sens… De plus, avec les incendies actuels, ce serait risqué. On sait que l’on traversera de nouveau le Canada d’est en ouest en nous éloignant plus de la Transcanadienne et en allant jusqu’à Tofino. Pourquoi vouloir toujours plus ? Le pays est suffisamment grand pour que nous puissions apprécier l’itinéraire initial.
1 mois pour traverser le Canada en quelques chiffres
On aime toujours lire les infos un peu insolites qui font sourire ; voici les nôtres pour la traversée du Cananda en quelques chiffres :
- Kilomètres parcourus en voiture : 10 887 ;
- Villages et villes traversés : 276 à l’aller ;
- Kilomètres parcourus à pied : plus de 200 ;
- Logements différents : 18 ;
- Cafés pris aux différents Tim Hortons sur la route : 18 chacun ;
- Kilos perdus : 2 chacun ;
- Différentes espèces d’animaux croisés : plus de 50 ;
- États américains représentés sur les plaques d’immatriculation croisées : 17 ;
- Différentes nationalités rencontrées : 11.
Cette traversée du Canada vous tente ? Pour aller plus loin, on vous conseille notre article en format itinéraire de notre road trip d’1 mois au Canada et celui consacré au budget.
J’ai loupé l’occasion d’aller au Canada voir de la famille Expat. Mais je compte bien y aller en famille.
Combien de temps conseilles tu pour avoir un premier bel aperçu avec 3 enfants. 2 semaines ou 3 semaines ?
Merci
Bonjour Chris,
En deux semaines, c’est possible d’avoir un bel aperçu d’une région comme le Québec ou les Rocheuses par exemple. Forcément, en trois semaines, vous pourrez explorer et voir plus de choses mais cela dépend beaucoup de ce que vous souhaitez faire et de la durée des trajets que vous voulez faire tous les jours. Pour une traversée du Canada d’est en ouest, en arrivant au Québec et repartant de Vancouver par exemple, il faut à notre avis prévoir trois semaines minimum en fonction de vos étapes.
Hélène & Xavier